Hier, encore...

La rentrée lyonnaise est encore placée sous le signe des come-backs. De Renaud à Sniper en passant par The Cure, nombreux sont les anciens venant se produire sur les scènes de la métropole dans les mois à venir. Au risque de voir le public faire une overdose de nostalgie ? Peut-être.


« Hier encore » chantait Charles Aznavour. « Hier, encore... » serait-on tenté de lui répondre aujourd'hui, en découvrant les programmations des salles en cette rentrée : la saison à venir suivra les bases posées par la précédente, à savoir un lot de découvertes ; des têtes d'affiche qui cartonnent ; mais surtout des come-backs à la pelle.

Certes, Johnny Hallyday ne s'est pas (encore) lancé dans une énième tournée d'adieu, mais sa manie de revenir sans cesse en a inspiré plus d'un. Le phénomène n'est pas neuf et semble croître un peu plus chaque année, comme si une infection musicale transformait les groupes qu'on pensait morts depuis des années en revenants à guitare. Certains nous veulent du bien : ça s'entend. D'autres veulent surtout payer les factures. Ça s'entend aussi. Comme tous les arts, celui du come-back est bien difficile à maîtriser...

Le point positif avec ces retours : il y en a pour tous les goûts. Ce sont d'abord des grands noms de la chanson française qui viendront se rappeler à notre mémoire, avec Les Insus (ex Téléphone), Michel Polnareff et Renaud à la Halle Tony-Garnier. Absents depuis plus de 30 ans, les premiers, privés de leur bassiste Corine Marienneau, rejouent sur scène (le 1er octobre) les plus grands tubes de Téléphone avec une énergie saluée par nombre de festivaliers de l'été 2016. Sans aucun titre exclusif proposé, on est en droit de se demander si la démarche créatrice ne s'est pas faîte engloutir par une vague de mélancolie...

Côté Renaud (le 28 janvier 2017), qui a enfin pris le dessus sur Renard le soiffard, l'album éponyme déçoit. Moins tranchant, gnangnan, le chanteur de 64 ans a perdu son côté révolté dans une époque qui lui donne pourtant matière à crier contre tout et tout le monde comme il eut l'habitude de le faire. Michel Polnareff (le 10 novembre), quant à lui, repousse encore et toujours la sortie de son album. La guerre par médias interposés lancée avec Renaud aura-t-elle son petit effet sur les billetteries ? « Qui est le meilleur revenant ? À vous de choisir... »

Côté rock, les vieux ont leur mot à dire : 37 ans après la sortie de leur premier album studio, The Cure fouleront les planches de la Halle Tony Garnier le 17 novembre en mélangeant reprises de tubes vintage et inédits. Idem pour Pete Doherty, le 22 novembre au Transbordeur, si toutefois il se décide à venir cette fois-ci.

Jennifer Ayache sera aussi de retour avec Superbus. De quoi attirer les adolescents des années 2000 ravis de revoir les protégés du Mouv' époque rock. Même Mickey 3D vient donner quelques leçons à la société au Radiant Bellevue ce 21 septembre. Des leçons distillées également par le groupe de rap Sniper, réunifié pour une tournée dix ans après la sortie de leur dernier album commun ; toujours au Radiant, Aketo, Blacko et Tunisiano viendront chanter ces titres que tout le monde garde précieusement dans son lecteur mp3 (Gravé dans la roche et Sans répères en particulier).

Le choix ne manque pas pour revivre les émotions liées à la découverte d'un titre, d'un artiste. Mais la nostalgie est à consommer avec modération, comme toutes les bonnes choses... Elle est surtout à consommer avec raison en gardant une citation de Coluche en tête : « Se pencher sur son passé, c'est risquer de tomber dans l'oubli. »


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