Clé de Solal

De passage à Lyon pour un concert à l'Opéra, Martial Solal propose de redécouvrir le jazz à travers sa formation la plus emblématique : le trio. Comme toujours avec lui, le voyage s'annonce fascinant.


Il est selon certains le meilleur musicien français de jazz depuis la disparition de Django Reinhardt, rien que ça. Très rarement présent sur scène ces derniers temps, le grand Martial Solal gratifiera l'Opéra de Lyon d'une performance exceptionnelle. Au sein d'un trio, cette formation qui pourrait à elle seule incarner le jazz dans ce qu'il a de plus authentique, le pianiste reviendra sur une carrière si longue et riche qu'on ne saurait par quel bout l'entamer. Avec plus d'une centaine de disques, des bandes originales réalisées pour les plus grands cinéastes (Jean-Luc Godard, Jean Cocteau, Orson Welles) et pléthore de pièces pour divers orchestres, Martial Solal lui même doit être pris d'un vertige en se penchant sur son passé.

Virtuose ayant fait ses gammes au mess des soldats anglais pendant la seconde guerre mondiale, Solal n'est pas un simple pianiste. C'est un fou, un fou génial. Il est avant tout un technicien hors pair, maître du rythme et de ses facéties. Sa musique file, zig-zague, fait demi-tour et revient. À 89 ans, Martial Solal pratique encore quotidiennement son piano, et c'est sans doute cela qui fait de lui le meilleur. Cet acharnement et un esprit créatif digne de ceux des inventeurs les plus saugrenus. Avec lui, chaque mélodie est déconstruite, repensée et assemblée à nouveau dans une forme à laquelle personne n'aurait jamais pensé.

Roi de l'improvisation et incorrigible comique (peut être jouera-t-il L'allée Thiers et le poteau laid ?) Martial Solal a toujours su surprendre son public. C'est sans doute la principale raison pour laquelle le jazz lui doit beaucoup. Ce n'est pas une musique définie, découpée, c'est une musique en mouvement, qui se réinvente et se redécouvre sans cesse. Avec Bernard Lubat à la batterie et Mads Vinding à la contrebasse, Martial Solal a composé un trio prometteur. Dont il reste bien évidemment la clé de voute. Comme la clé d'une partition. 

Martial Solal Trio
À l'Opéra de Lyon le vendredi 14 octobre 


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