Murés à l'intérieur

Le Musée d'art contemporain réunit une dizaine d'artistes urbains internationaux, et tente une exposition paradoxale : montrer dedans ce qui ne peut exister que dehors.


Les prémices du street art, il est vrai, proviennent historiquement du champ de l'art contemporain, et il est d'une certaine manière logique qu'il y revienne, même dans l'enceinte un peu "officielle" d'un musée. Les précurseurs de l'art urbain se nomment Ernest Pignon Ernest qui peint au pochoir en 1963 sur le Plateau d'Albion en réaction à la nucléarisation militaire, les étudiants des Beaux-Arts de Paris qui créent de multiples affiches pour Mai 68, Keith Haring qui peint sur les espaces publicitaires libres du métro new-yorkais au début des années 1980...

À Lyon, une dizaine d'artistes de rue venus des quatre coins de la planète (La Réunion, Mexique, Ukraine, Pérou, Chine...) investissent les cimaises du MAC de leurs couleurs chatoyantes, de leurs figures allègres et rythmées, et de leur sens virtuose du trait direct et imaginatif. Le tout chapeauté par un commissaire d'exposition qui à lui seul fait caution : Julien Malland (né en 1972), alias Seth, qui a débuté ses œuvres dans les années 1990 sur les murs du 20e arrondissement de Paris ; il est l'auteur en 2000, avec Gautier Bischoff, d'un véritable best-seller éditorial : Kapital : un an de graffiti à Paris.

De l'art sans street

L'exposition est franchement agréable à parcourir et mélange les styles les plus divers. Mais quelque chose manque, et ce quelque chose c'est tout simplement : la surprise, l'incongru, la rencontre inattendue. La rencontre d'une image là où on ne l'attendait pas, d'un graff à des hauteurs vertigineuses ou sur des bâtiments interdits.

Le street art ce n'est pas seulement de l'art, mais c'est une critique (ou une dérive, ou une alternative) à la sémiologie d'une ville, à son ordonnancement, à ses fonctionnalités ordinaires. À sa laideur et à ses propagandes aussi. Street et art semblent dès lors indissociables. Dans un musée, il reste la virtuosité, mais la virulence, la révolte, la réappropriation de l'espace public y sont comme paralysées. Ca manque d'air, d'air libre.

Wall drawings, icônes urbaines
Au Musée d'art contemporain jusqu'au 15 janvier 2017


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Gourmande balade en bas des pentes