À Lyon, le dynamisme du livre

L'Arald a publié fin septembre son baromètre régional de l'économie du livre, s'intéressant à ce secteur d'importance au travers des éditeurs et des librairies indépendantes, relevant différents indicateurs et auscultant le secteur et ses soubresauts.


À Lyon, le livre se porte plutôt mieux qu'ailleurs dans le pays. Le succès des festivals (Quais du Polar, la Fête du Livre de Bron, Lyon BD) le montre : dans la région, l'on aime lire. Et le dynamisme des libraires (90% organisent des dédicaces avec des auteurs, 63% des rencontres...) se trouve illustré par cette étude de l'Arald qu'est le baromètre régional de l'économie du livre, paru fin septembre.

En page sept de ce journal, nous vous offrons une photographie des librairies dédiées ou s'intéressant à la jeunesse, confortée par l'ouverture d'une seconde boutique de Vivement Dimanche, spécialisée dans ce domaine, à la Croix-Rousse. Cette éclosion n'est pas un hasard : ce secteur est en pleine expansion du côté des éditeurs : 33, 8% d'entre eux ayant augmenté leur production dans ce domaine, seule 23, 8% réduisant la voilure de leurs publications jeunesse.

L'Arald a ainsi interrogé 200 librairies indépendantes et 100 éditeurs en Rhône-Alpes durant l'année 2014, pour ce travail apportant de précieux indicateurs sur cette économie qui représente tout de même un chiffre d'affaire de 30 millions d'euros pour la seule édition indépendante dans la région (soit 1, 1% du chiffre d'affaire national, et 3% si le mastodonte Glénat, basé à Grenoble, est intégré à l'étude).

Du côté des librairies indépendantes, un pourcentage interpelle d'emblée : Rhône-Alpes en 2014 représentait 16, 1% des ventes de livres en France. Si l'on ajoute les huit magasins de Decitre, on monte à 21% des ventes réalisées en librairies indépendantes dans le pays. Un chiffre éloquent. Dans l'ancienne configuration de la région, l'on pouvait comptabiliser une librairie pour 31 706 habitants, avec une forte domination du Rhône et un territoire à l'abandon, l'Ain, qui compte seulement une librairie pour 51 016 habitants. La plus ancienne étant la librairie Courtial, existant depuis1839 à à Touron-sur-Rhône en Ardèche. 54% de ces librairies ont été crées après 2000, surtout dans le Rhône, à Lyon particulièrement ; et en Isère, un département en forte progression démographique.

La librairie est aussi un secteur vecteur d'emploi stable, même si plusieurs ont été transmises à des repreneurs ces dernières années : 1184 emplois sont recensés, dont 90, 6% en CDI ;  l'âge moyen des libraires étant de 50 ans. À noter : les gérants ont souvent suivi des formations dans des secteurs sans aucun lien avec le livre avant de se reconvertir après une première vie professionnelle.

Vous désirez vous reconvertir comme éditeur ? L'on décèle des similitudes avec le sus-cité métier de libraire : sachez qu'il s'agit visiblement là aussi d'un métier d'expérience, l'âge moyen des éditeurs recensés étant de 49 ans ; seuls 25% étant âgés de moins de quarante ans. Beaucoup d'entre eux viennent là encore de formations totalement différentes, au contraire de leurs salariés qui eux sont le plus souvent issus de filières scolaires dédiées au livre (40% issus d'une formation métiers du livre, contre 8, 7% pour les premiers).

Intéressant, une partie non négligeable des cinquante éditeurs ayant répondu à cette question ont une activité mixte : deux sur cinq ont une activité complémentaire à l'édition. Intéressant toujours, la migration vers le Web : tous les éditeurs interrogés ont un site Web, 57, 4% d'entre eux disposant en sus d'une page Facebook. Et surtout, quatre sur cinq possèdent un site marchand où vendre leurs livres directement. À l'inverse des libraires indépendants, dont 21% seulement ont un site marchand en propre ; mais 46% utilisent un site de vente mutualisé avec d'autres confrères (chez-mon-libraire.com, avec géolocalisation des stocks). Mais la toute puissance d'Amazon bride les vélléités de vente par Internet : seules sept librairies de la région comptabilisent des ventes en ligne...

Libraire reste donc un métier de proximité. Un service visiblement apprécié des nombreux lecteurs de la région...


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