Traits étranges

Le Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne ouvre trois nouvelles expositions consacrées à trois artistes peu connus explorant sur papier l'idée d'inquiétante étrangeté.


Décidément le Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne aime le dessin et les univers ambigus, et l'on ne s'en plaindra pas, tant la qualité des expositions y est grande !

Cheminant dans le cabinet d'arts graphiques, nous pensions, par exemple, Marine Joatton (née en 1972) inspirée par Jérôme Bosch ou Lewis Carroll, mais l'artiste nous précise que ses gouaches et ses pastels sont nés d'intuitions sans modèle. « J'aime à me surprendre moi-même et je n'ai jamais d'idée de départ » dit-elle à propos de sa drôle de peuplade mi-humaine mi-animale dispersée en "portraits" de groupe ou individuels sur les cimaises. Parmi des fonds nébuleux et quasi oniriques, ses personnages hybrides nous jettent des regards exprimant toute une gamme de sentiments : de la drôlerie enfantine et naïve à l'angoisse la plus désespérée et solitaire.

Machines à voir

Ailleurs, c'est toute une gamme de motifs différents que nous invite à découvrir l'artiste italien Marco Tirelli (né en 1956). Son mur de quatre cents dessins aux tons noirs et blancs déclinent tour à tour de petites formes abstraites, des saynètes expressionnistes, des schémas ou des représentations de machines très précis, des jeux de clair-obscur... En dépit de cette diversité, quelque chose traverse l'ensemble : une réflexion sur le regard. Bien des dessins sont en effet des "dispositifs à regard", des représentations plus ou moins réalistes d'yeux, des événements d'apparition, des trajets de lumières et d'ombres...

Le troisième artiste exposé, Jérémy Demester (né en 1980), lauréat du Prix des Partenaires du musée 2016, fuit quant à lui la prolifération des images contemporaines et s'inspire de gravures très anciennes et de différentes mythologies et religions. Il décline en petits et en grands formats ses estampes "pointillistes" de couleur bleue. Avec lui, une figure tient étonnamment à peu de choses : quelques croyances, la survivance d'images oubliées, le désir de les réinventer.

Jérémy Demester
Au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne jusqu'au 15 janvier

Marco Tirelli
Au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne jusqu'au 29 janvier

Marine Joatton
Au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne jusqu'au 12 février


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