Le plus russe des Russes

C'est un événement : en plein cœur du Festival Russe proposé par l'Auditorium, Leonard Slatkin dirige les six symphonies de Tchaïkovski.


À l'affiche, c'est un beau festival. L'âme slave révélée sous toutes les coutures : Borodin, Chostakovitch, et leur fantastique musique de chambre ; Moussorgski et ses Tableaux d'une exposition ; Grigori Sokolov, pianiste fascinant, aux interprétations quasi mystiques et profondément poétiques. Des festivités russes aussi, autour de musiques populaires où l'on comprend en trois mesures toute la mélancolie slave.

En point d'orgue du festival, Tchaïkovski : compositeur éclectique, mélodiste hors pair. Son langage musical, fortement influencé par les romantiques allemands et par Berlioz pour l'orchestration, n'est pas vue d'un très bon œil par les compositeurs russes — en particulier ceux du Groupe des Cinq — parce que pour eux, le style doit être russe, uniquement, radicalement.

L'âme humaine scrutée

Entre symphonie classique et poème symphonique, les six symphonies de Tchaïkovski sont inclassables. Une dimension métaphysique pour chacune et une question en boucle pour toutes : quid de la destinée de l'homme ? Tchaïkovski dépeint les paysages de l'âme comme personne. Ses symphonies se divisent en deux groupes : les trois premières ont leur propre vie. Mélancolie puissante pour la première, Rêve d'hiver.

La seconde, Petite-Russienne, se démarque de toutes les autres par sa tonalité exubérante jusqu'au bout (c'est la seule qui enthousiasma le Groupe des Cinq). La troisième, la moins populaire, reste la moins jouée : elle se situe entre folklore et musique pure.

Les symphonies 4, 5 et 6 sont indissociables. Elles forment le cycle du Fatum et illustrent, chacune à leur manière, le destin sombre de tout être humain. La Pathétique, sixième symphonie, la plus célèbre, la dernière, reste un poignant testament musical.

Les Symphonies de Tchaïkovski
À l'Auditorium de Lyon dans le cadre du festival Russe les jeudi 17, mardi 22 et samedi 26 novembre


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