Costa-Gavras ou la preuve par 9

La première partie de l'indispensable œuvre de Costa-Gavras est à redécouvrir en DVD. Et l'homme, prodigieux d'humanité comme d'humilité, à rencontrer.


Comme Roman Polanski, Costa-Gavras est de ces auteurs multiculturels dont le cinéma français peut s'enorgueillir. Et qui a pu accomplir une carrière aussi diverse grâce à l'ouverture d'esprit et l'accueil bienveillant de la profession hexagonale à son égard dans ses jeunes années — c'est, en tout cas, le constat que le cinéaste opère aujourd'hui dans le passionnant entretien réalisé par Edwy Plenel, bonus de L'Intégrale Volume 1 (1965 – 1983) (Arte Cinéma). Un coffret réunissant ses neuf premiers longs-métrages, dont la parution vaut la visite lyonnaise de cet indispensable géant.

Gavras, de Costa à Z

À la fois conteur et conscience de son époque, Costa-Gavras n'a cessé de secouer des mentalités assoupies par des œuvres lucides sur l'état du monde. Son cinéma, qui ne se réduit pas au champ du seul “cinéma politique”, est davantage celui de plusieurs interrogations : peut-on s'affranchir des carcans et des idéologies barbares — voir la “trilogie Montand” avec Z (1969), L'Aveu (1970) et État de siège (1973) — ; comment aller au-delà des alternatives données pour limitées — se reporter à l'extraordinaire Un homme de trop (1967), splendidement restauré par Lumières Numériques ou à Hanna K. (1983)…

Mais la singularité de Costa-Gavras réside surtout dans cette manière de conserver une rigueur absolue dans la précision historique, tout en se ménageant une distance parfois ironique avec les personnages. Un ton caustique qui, ajouté à son sens du rythme et du montage — Z en est, à cette enseigne, un chef-d'œuvre à ériger au rang de classique absolu —, distingue ses films des pensums moralisateurs destinés à culpabiliser ou tirer des larmes. Section Spéciale (1975), féroce vision des abominables mesures du gouvernement de Vichy, est également un portrait des caciques du régime empli de sarcasmes, bien plus opérant par ce mélange qu'une stricte reconstitution d'époque.

La polyvalence du cinéaste s'apprécie également dans le polar pur avec Compartiment tueurs (1965), d'après Sébastien Japrisot, son coup d'essai réussi, ainsi que dans sa belle adaptation de Romain Gary, Clair de femme (1979), tous deux à nouveau sous le signe de Montand. On n'oublie d'autant moins dans ce rapide inventaire Missing (1982), Palme d'Or à Cannes, que le soir même, à 21h, l'Institut Lumière en proposera une projection. Vous pourrez donc prolonger le plaisir de la rencontre…

Rencontre avec Costa-Gavras
À la FNAC Bellecour le vendredi 25 novembre à 17h30


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