Seul dans Berlin

de Vincent Perez (All-Fr-GB, 1h43) avec Emma Thompson, Brendan Gleeson, Daniel Brühl…


1940. Son fils unique mort au front, un couple berlinois se lance dans une opération d'opposition aussi symbolique que dérisoire : disséminer dans la capitale allemande des cartes postales revêtues de libelles hostiles au régime nazi. Un policier est à ses trousses…

« Jusqu'à présent nous vivions dans l'angoisse ; désormais, nous vivrons dans l'espoir ». À sa manière, le couple héroïque du film pourrait revendiquer les paroles de Tristan Bernard lorsqu'il fut transféré au camp de Drancy. N'ayant plus de raison de vivre ni d'attaches, à part l'un à l'autre, ils se dévouent à la cause de la liberté. Cinéaste sobre, Vincent Perez reconstitue les "âmes grises" de l'époque, travaille la pesanteur psychologique sans négliger la finesse des émotions qui transitent beaucoup par le non-dit : Gleeson et Thompson échangent des regards d'une belle intensité tout en conservant leur pudeur de vieux époux.

Thriller historique sur des faits de guerre rarement évoqués car peu ”spectaculaires“, Seul dans Berlin dépeint enfin l'ambiguïté des comportements de la “majorité silencieuse”— celle qui fait advenir les dictatures — et la met face à ses responsabilités sans caricature ni manichéisme facile. Respectable.


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