Tchekhov enchaîné

Une jeune compagnie issue de l'ENSATT s'empare de deux courtes pièces de Tchekhov qui ne se valent pas, dans un spectacle inégal.


Comme toujours, emprisonnés dans leur vie trop tracée, les personnages tchékhoviens de L'Ours et de Ivanov s'ennuient et étouffent bien avant que le dramaturge ne donnent naissance à Nina (La Mouette) ou Lioubov (La Cerisaie). Mais Platonov et ses excès en tous genres sont déjà passés par là.

Dans L'Ours, en un acte, une jeune veuve se retranche dans son chagrin que vient agiter un homme des bois réclamant son dû ; Ivanov, plus longuement, conte la lâcheté et l'hédonisme des petits bourgeois pour détourner les yeux de la douleur. Dans les deux cas, l'homme est rustre.

Julie Guichard parvient à créer une atmosphère sèche, avec seulement quelques éléments de décor bien utilisés (dont un tabouret qui se brise sans cesse) mais ses personnages sont trop modeux (ah, le sweat avec perroquet pailleté...), en constante représentation d'eux-mêmes dans un trop-plein de gestes virant presque au one-man-show dans L'Ours, interpellation du public comprise.

Il est fort possible que le texte extrêmement répétitif encourage ce pilonnage et le spectacle aurait pu aisément ne contenir que Ivanov, pièce moins volcanique et plus ambitieuse (il fait coexister des premiers et des seconds plans de jeu) ; et in fine, plus maîtrisée par cette jeune troupe du Grand Nulle Part.

Les Ours
Au Théâtre de l'Élysée jusqu'au vendredi 25 novembre


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