La franchise d'Eros

C'est au Creusot que l'on peut découvrir actuellement quelque cent dix œuvres (gravures, dessins, tableaux) du plus transgressif des artistes belges du 19e siècle, Félicien Rops.


« Vertueux ne puis. Hypocrite ne daigne. Rops je suis » écrit Félicien Rops (1833-1898) dans une lettre à un ami. En quelques mots, l'artiste belge révèle son éthique de la vérité et de la simplicité, qui le fera à la fois prendre goût au métier du journalisme, à la caricature, et, aussi, honnir la société bourgeoise de son époque. Contre ses duperies et ses hypocrisies, il oppose dans ses dessins, ses gravures et ses peintures, l'éloge de l'érotisme, la fatalité de la mort et les beautés féminines.

On le connaît aujourd'hui beaucoup pour ses œuvres licencieuses, mais Rops s'est d'abord passionné pour la botanique, le canotage et la gravure qu'il maîtrisait en virtuose. C'est à Paris semble-t-il, dans les années 1860, que l'artiste s'encanaille en fréquentant les "cocottes" et les atmosphères sulfureuses des cafés, et ouvre son œuvre aux délices d'Eros comme aux angoisses de Thanatos.

Pornokratès

L'ami de Charles Baudelaire illustre alors nombre d'ouvrages érotiques et joue à plein les cartes de l'obscène et du sacrilège pour secouer les mœurs de la fin du 19e siècle. En 1879, il signe notamment l'un de ses dessins les plus célèbres La dame au cochon - Pornokratès, où l'on voit comme il la décrit lui-même une « belle fille nue chaussée, gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un cochon à "queue d'or" à travers un ciel bleu. » Influencé quelque peu par le Romantisme et le Symbolisme, membre un temps du groupe d'avant-garde belge des XX, Félicien Rops demeure cependant un artiste à part qui « tâche tout bêtement et tout simplement de rendre ce que je sens avec mes nerfs et ce que je vois avec mes yeux, c'est là toute ma théorie artistique. »

Vous avez dit Félicien Rops !?
À l'ARC Scène nationale Le Creusot jusqu'au 16 décembre


<< article précédent
"Sully" : ici la tour de contrôle ; à l’eau l’avion ?