Aimé Césaire dans l'œil du cyclone

Début ce 2 décembre d'une période de deux mois consacrée à Aimé Césaire au TNP. Avant la création de La Tragédie du roi Christophe mi-janvier, place à deux reprises de haut vol.


C'est peut-être sa plus belle réalisation ici dans ce TNP qu'il pilote depuis 2002. Christian Schiaretti qui a tant travaillé sur un mode choral (Opéra de quat'sous, Par-dessus bord, Coriolan, Mai juin juillet et encore récemment un Bettencourt boulevard trop morcellé) a trouvé en Aimé Césaire un auteur dont la portée politique essentielle, alliée à une langue précise, littéraire sans être fantasmagorique, lui a permis de livrer un spectacle fort et homogène, donné sur un plateau recentré où l'action s'en trouve intensifiée.

Une saison au Congo (1966), créée en mai 2013, sera donc reprise après être passé cet automne par l'Afrique. Le collectif burkinabé Béneeré est au cœur de ce travail associé à quelques fidèles de la troupe du metteur en scène qui interprètent les Belges, ces colonisateurs qui en 1960 rendent au Congo son indépendance tout en continuant à tirer les ficelles du pouvoir. L'humaniste Patrice Lumumba, dont la pièce raconte le combat et l'ascension, n'a plus qu'à compter ses jours.

Parallèlement, le TNP reprogramme ce qu'Olivier Borle, un des acteurs-maison (et au casting de Congo), avait créé à l'Élysée en 2014, Le Cahier d'un retour au pays natal, poème ample et magistral de jeunesse du même Césaire où il est question de liberté, de colonisation et du rapport de domination éhontée de l'Occident vis-à-vis du continent Noir. D'une grande qualité – quoique fatalement aride par moment - ce spectacle est une transition idéale entre Une saison au Congo et La Tragédie du Roi Christophe (1963), autre variation sur la déraison des dirigeants et sa tyrannie sur les peuples, ici en Haïti au début du XIXe siècle.

Avant peut-être la création de la troisième pièce de théâtre de l'écrivain, Une tempête.

Une saison au Congo
Au TNP du 2 au 10 décembre

Cahier d'un retour au pays natal
Au TNP du 13 au 17 décembre et du 3 au 7 janvier


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Jan Fabre, performeur