Go Home

de Jihane Chouaib (Fr-Sui-Bel-Lib, 1h38) avec Golshifteh Farahani, Maximilien Seweryn, François Nour…


Longtemps après avoir dû quitter la maison familiale, une Libanaise exilée en Europe est de retour pour exhumer des souvenirs et élucider un mystère datant de son enfance… malgré l'indifférence — voire l'hostilité du village.

Creuser le passé comme on déblaye un sol jonché de détritus ; réinvestir sa maison pour se réapproprier son histoire… La métaphore choisie par la réalisatrice est plutôt transparente dans ce film à certains égards austère : silences, obscurité, intériorité, permanence d'un deuil, tension continue et surtout machisme latent. Dans ce village où règne la tradition du patriarcat, Nada l'héroïne est ignorée, tandis que son frère est considéré comme un Messie — guère surprenant, mais toujours consternant. Jihane Chouaib dépeint l'inconscient d'un pays marqué par la guerre, où le refoulé a encore de beaux jours devant lui grâce à l'omerta.

Comédienne caméléon pour toutes les productions moyen-orientales, Golshifteh Farahani constitue davantage qu'une colonne vertébrale à ce film, hanté à chaque plan ou presque par sa beauté douloureuse ; elle en est quasiment la raison d'être.


<< article précédent
"À Jamais" : possession, le retour