Le siècle de Kirk Douglas


C'est peu dire qu'Issur Danielovitch Demsky, dit Kirk Douglas, a marqué le cinéma mondial de sa célèbre fossette, en dépassant le — déjà vaste — domaine de l'interprétation. Star adulée depuis le milieu du XXe siècle, l'acteur aura aussi été tout au long de sa carrière un authentique activiste du 7e art ; un producteur influent et créatif davantage intéressé par le sens de ses films et leur valeur artistique que par la superficialité hollywoodienne, ou leur rentabilité immédiate.

Un citoyen impliqué également, n'hésitant pas à briser l'hypocrite embargo instauré par le maccarthysme à l'encontre des scénaristes soupçonnés de communisme. Ainsi que l'auteur récent d'une lettre vibrante à l'adresse de ses compatriotes, les exhortant à faire obstacle au candidat républicain, au nom de l'avenir — en vain. Malgré ses innombrables mérites et plusieurs occasions, la profession ne s'est guère montrée reconnaissante à son égard, ne lui décernant qu'un seul Oscar, à titre honorifique… en 1996 (!)

Le 9 décembre, Kirk Douglas soufflera 100 bougies sur son gâteau d'anniversaire. Pour célébrer ce doyen de l'Âge d'or des studios, l'Institut Lumière programme une œuvre de rigueur, Spartacus (1960). Plus qu'un péplum, ce film constitue comme souvent chez Kubrick — imposé par Douglas, deux ans après leur collaboration sur Les Sentiers de la gloire — la quintessence et la transfiguration d'un genre : il évoque certes l'insurrection des esclaves menés par le fier Thrace contre Rome, mais entre les lignes, on y lit comme l'incitation à fédérer les exploités et à renverser toutes les tyrannies. Une spectaculaire et épique tentative d'affranchissement qui encourage à la persévérance : l'indépendance d'esprit, visiblement, ça conserve…

Spartacus
À l'Institut Lumière le mercredi 7 décembre à 19h


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