Mélodie en surface


Avec la période de Noël vient l'envie de consommer des sucreries chamarrées dans des proportions outrepassant les limites du raisonnable, en se recroquevillant dans d'épais lainages — une posture régressive expliquant l'audience télévisuelle stable de tous les épisode de la séries des Sissi avec Romy Schneider, lors de chacune des ses rediffusions hivernales. Les plus courageux pourront satisfaire cette pulsion en extérieur, grâce à la ressortie dans les salles du GRAC à l'occasion de CinéCollection d'un bon vieux classique de la comédie musicale : La Mélodie du bonheur (1965). Face à ce pain de sucre de près de trois heures, même votre votre popcorn au caramel aura des airs de polystyrène hypoglycémié.

Signé par le chevronné Robert Wise, alors en état de grâce après West Side Story (1961), interprété par Julie Andrews fraîchement oscarisée pour Mary Poppins, adapté d'un succès de Broadway couvert de Tony Awards depuis sa création en 1959, cette histoire de gouvernante de sept enfants épousant le père (veuf) de cette famille nombreuse entre deux chansons et sur fond de montée du nazisme, avait tout pour séduire le grand public.

Il fit bien davantage en devenant l'un des plus grands succès du box-office de tous les temps, à coups de sourires dans les alpages, de scies mélodiques traduites dans toutes les langues et d'Oscars déversés comme l'on tire le miel d'une ruche. Rares furent les voix à apporter une note dissonante dans cette symphonie d'enthousiasme : la légende prétend qu'une critique acerbe de Pauline Kael motiva son renvoi, et que le partenaire de Julie Andrews, Christopher Plummer, raillait le film en l'appelant La Mélodie du muccus !

Un bon demi-siècle plus tard, il y a prescription. Pensez juste à vous brosser les dents après vision, pour éviter les caries…

La Mélodie du bonheur
Dans les salles du GRAC jusqu'au 5 janvier


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