3 000 Nuits

de Mai Masri (Pal-Fr-Lib-Jord-ÉAU-Qat, 1h43) avec Maisa Abd Elhadi, Nadira Omran, Raida Adon…


Israël, 1980. Soupçonnée de connaître un terroriste, l'institutrice palestinienne Layal est emprisonnée et condamnée à huit ans de réclusion. Une peine d'autant plus lourde qu'elle est enceinte, et mêlée à des détenues israéliennes de droit commun…

Menace d'attentats, état d'urgence, situation d'exception… Sinistre suite logique, poursuivie par la rétention abusive ou dans des conditions dégradantes au fond d'une cellule. Voilà qui catalyse de plus vives insurrections, et fabrique les ripostes du lendemain avec ces victimes collatérales en second que sont les enfants. Collé à des faits bien précis, ce film aurait pu il y a peu nous sembler très éloigné dans l'espace et le temps ; il trouve désormais une violente actualité. Au-delà de la dénonciation des exactions scandaleuses de Tel-Aviv et de l'arbitraire pratiqués sur des femmes (pour certaines innocentes des faits reprochés), il nous fait entendre cette double antienne : aucun camp n'aura jamais le monopole de l'inhumanité ; ceux qui tiennent la matraque imposent leurs lois.

À la fois drame historique et thriller carcéral, 3 000 Nuits aurait pu, par la vertu du huis clos, être une pièce de théâtre. Les comédiennes portent la tension à un très haut degré d'intensité, et notamment Maisa Abd Elhadi (aperçue dans Dégradé des frères Nasser), l'interprète de Layal, dont la métamorphose est impressionnante.


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