Des expos qui feront bouger les lignes

Qu'elle prenne pour origine un souffle indistinct ou au contraire une limpidité idéale, l'image artistique tente de faire bouger nos perceptions, nos émotions et nos manières de penser. Et va parfois, pour cela, jusqu'à "s'encanailler" avec la littérature, le cinéma et le design.


« Le rêve sait à sa façon que l'image est chaos » écrit le psychanalyste Pierre Fédida dans un article au titre évocateur : Le souffle indistinct de l'image. Rêves et œuvres artistiques, selon Fédida, auraient pour origine fluctuante et floue une sorte d'haleine, de brume d'images mouvantes, charriant quelques fantômes et réminiscences ancestrales... C'est dans cette "ambiance", sous ce point de vue, que l'on peut appréhender les tableaux si singuliers du jeune peintre lyonnais Frantz Metzger que la galerie Anne-Marie et Roland Pallade présentera pour la deuxième fois, du 19 janvier au 11 mars. Les corps de ses personnages y semblent composés autant de chair que d'air brumeux, et revisitent avec force et trouble quelques scènes classiques : annonciation, mythe de Diane et Actéon, descente de la croix...

Dans un tout autre genre (installations, environnements...), l'artiste belge Ann Veronica Janssens (née en 1956) travaille elle aussi à partir de matériaux informels comme la lumière, le son, ou ses fameux brouillards colorés invitant le spectateur à s'y perdre. Ses œuvres explorent les rapports du corps à l'espace, tentant à chaque fois de bouleverser nos repères perceptifs habituels. Du 24 mars au 7 mai, l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne lui consacrera une importante exposition monographique réunissant pièces anciennes et nouvelles productions.

Vers l'utopie

Du souffle indistinct de l'image à la clarté de la ligne et des formes, il y aura cette année à Lyon comme un mouvement aboutissant en juin à un nouvel événement à la Sucrière aux lignes franches : une Biennale internationale d'architecture sur le thème de l'utopie du 8 juin au 9 juillet. D'ici là, la galerie Françoise Besson s'intéressera à "la ligne" (avec, notamment, l'architecte Gilles Perraudin et la peintre abstraite et géométrique Aurélie Nemours), le centre d'art la BF15 continuera à explorer l'idée de trame (exposition Joséphine Kaeppelin du 27 janvier au 18 mars), et la galerie Snap au devenir du minimalisme chez de jeunes artistes internationaux.

Mais cette dichotomie entre distinct et indistinct sera elle-même brouillée par quelques artistes oscillant entre ces deux pôles. On retrouvera par exemple avec bonheur l'artiste lyonnais Frédéric Khodja (à la galerie Besson du 2 juin au 1er juillet) dont l'intérêt pour l'architecture et les formes géométriques le dispute à la création de  "lieux impossibles" ou paradoxaux.

Et la galerie Michel Descours nous invitera, à partir du 6 avril, à redécouvrir le peintre franco-suisse Pierre De Maria (1896-1984) qui fut fasciné par le monde industriel des machines pour mieux le métamorphoser sur ses toiles en figures surréalistes et hybrides.

Vers l'Ouest

L'année artistique 2017 sera marquée aussi par deux événements brouillant les lignes cette fois-ci entre différentes disciplines. En mars (du 10 mars au 9 juillet), au Musée d'Art Contemporain de Lyon, Los Angeles, une fiction se proposera rien moins que de revisiter le rêve américain et hollywoodien à travers les productions artistiques et littéraires de L.A. L'exposition réunira quatre-vingt quatre écrivains (T.C. Boyle, Charles Bukowski, John Fante, Bret Easton Ellis, James Ellroy...) et trente-quatre plasticiens. Avec, parmi ces derniers, des figures historiques comme David Hockney, Edward Ruscha, John Baldessari, Larry Bell, et nombre de jeunes artistes : Ryan Trecartin, Lizzie Fitch, Alex Israel...

Nos voisins du Musée d'Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne, dans le cadre de la 10e Biennale internationale de design, entremêleront, quant à eux, art, design et cinéma, dans l'exposition Popcorn (du 9 mars au 17 septembre). En quatre grandes séquences, elle montrera les influences réciproques du cinéma et du design, tout en traversant le monde du travail tayloriste de Chaplin ou le western.


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