François Virot : « Les aberrations techniques ont leur rôle »

François Virot (Clara Clara) fait son grand retour en solo avec Marginal Spots, paru en décembre sur Born Bad Records : à savourer live dans le cadre d'une sublime soirée du label au festival Plug & Play, le 23 janvier.


Peux-tu nous présenter ce dernier album, Marginal Spots ?
François Virot : Je pourrais le présenter par rapport à mon premier album, Yes or no (2008), mais ce ne serait pas forcément une bonne idée vu le temps qui sépare les deux. Entre-temps, il y a quand même eu deux albums de Clara Clara et deux albums de Réveille. J'ai assez peu de recul sur cet album pour le moment.

C'était juste des morceaux que je jouais au local, à un moment où je n'avais pas trop d'actualité. J'étais assez libre de faire ce que je voulais. Quand j'ai vu que j'avais quatre ou cinq morceaux qui tournaient bien, j'ai commencé à penser à un album. Avec certains morceaux, j'ai volontairement tenté d'aller voir ailleurs pour donner un peu d'air au disque. J'ai du mal à en parler dans son ensemble, j'arrive plus à parler des morceaux.

La critique avait été très bienveillante envers ton premier album solo. As-tu ressenti une pression particulière en écrivant le second ?
Non, justement parce que c'était longtemps après. Je pense que certains se rappellent du premier, d'autres non ; il fallait aussi que je pense à des gens plus jeunes qui auraient pu passer à côté du premier. Je ne me suis pas mis la pression, parce que cet album tombait sous le sens. Je l'ai écrit seul, je ne voulais pas trouver un autre nom de projet.

On sent que tu veux rester simple et sincère, autant dans les paroles que dans les instrumentaux. La production est sommaire, il y a ce petit côté lo-fi qui transpire. Était-ce une volonté de rester très sec ?
Il y a eu des tentatives de mixer avec quelqu'un qui s'y connaissait mieux que moi. Mais on perdait instantanément le truc qui me plaisait dans cet album, sa particularité. Donc j'ai préféré garder le mix que j'avais fait moi même. À chaque fois qu'on retouche, qu'on rentre dans des trucs un peu techniques, à la fin tout se met à sonner pareil. Alors que là, il y a des aberrations techniques qui restent sur le disque mais qui ont leur rôle. Le traitement de la voix, par exemple. Il y a des trucs qu'on ne se permet pas trop d'habitude. C'est assez fragile, finalement. Il faut dire que ces morceaux n'ont pas été rodés, je les ai enregistrés en les découvrant. Donc quand je chante, quand je joue, c'est hyper neuf.

Avec tous les projets dans lesquels tu as un rôle, ça n'a pas été trop difficile de trouver un moment pour ce disque ?
Ce ne sont pas tant tous mes projets, c'est surtout que je suis devenu papa. Ça, ça me prend pas mal de temps. C'est un peu difficile de s'organiser, mais je m'en sors. D'un point de vue artistique, il reste Clara Clara et mon projet solo. Je ne compose pas pour Sathönay, je me contente d'accompagner à la batterie. Et mon frère a beaucoup repris Clara Clara en main, il compose beaucoup, ça me laisse une plus grande marge de manœuvre.

Sur la plupart des morceaux (Medicine, Tour de force...), le rôle des percussions est extrêmement important.
Avant même d'avoir une ébauche d'idée, je commence par faire plein de prises de batterie, j'enregistre toutes mes idées de rythmiques. C'est pour ça que des fois je peux être très minimal, tant j'ai investi sur les percussions avant. Il y a toujours une idée rythmique de base sur chaque morceau. Ça me plaît beaucoup, ça amène de la variété. C'est une manière différente de voir le truc. On part souvent des riffs de guitare sur lesquels la batterie vient juste se poser. Même les guitares sont rythmiques sur cet album. Si tu enlèves la batterie, la guitare la remplace bien souvent.

On évoque souvent ta musique comme du slacker, un terme qui peut sonner réducteur, si ce n'est péjoratif. Ça te dérange, toi ?
Non, parce que Marginal Spots a beau sonner un peu cheap, j'y ai passé beaucoup de temps. Ce n'est pas du tout comme si j'en avais rien à foutre : beaucoup d'attention a été portée à ce disque, finalement.

François Virot + Julien Gasc
Au Kraspek Myzik dans le cadre du festival Plug & Play le lundi 23 janvier

Notre playlist du festival Plug & Play : 


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