L'œil à l'air libre

Puisant dans ses collections, l'Institut d'Art Contemporain propose deux expositions sur le thème de l'espace et du trouble perceptif.


Depuis sa nomination, il y a dix ans, à la tête de l'Institut d'Art Contemporain, Nathalie Ergino suit un fil rouge aussi simple que cohérent : questionner, bousculer, élargir, libérer notre perception. L'exposition Immersions revient sur un certain nombre d'artistes qui ont été exposés à l'IAC et dont certaines œuvres ont été acquises à ces occasions.

Œuvres qui ont pour particularité, souvent, de nous plonger dans un environnement déroutant et de brouiller nos repères : les transes dansées et filmées de Joachim Koester, le sol peint aux courbes ondulatoires de Philippe Decrauzat, la forêt immaculée et artificielle de Berdaguer & Péjus, le "paysage" de grands cubes blancs de Vincent Lamouroux...

Bref, dans un premier temps, l'IAC se transforme en terrain d'expériences perceptives (pour la plupart déjà vécues par les habitués de l'IAC) en mobilisant l'ensemble des sens et le corps en mouvement du spectateur.

En eaux troubles

Dans un second temps, l'exposition Paysages cosmomorphes présente plusieurs œuvres du Frac Auvergne, relevant de médiums plus "plats" : photographies, dessins, peintures... Et cet accrochage regorge de bonnes surprises et d'œuvres passionnantes !

Deux œuvres ont longuement retenu notre attention... La vidéo Pacifico du Chilien Enrique Ramirez (né en 1979) qui montre un fragment d'océan filmé en haute définition et projeté au ralenti : superbe surface aux multiples replis et filtrée d'écume, dont la contemplation esthétique est aussi une "contemplation politique", puisque nombre de corps éliminés par le dictateur Pinochet ont été engloutis sous ces eaux. « Au Chili, la mer est aussi une mémoire, un véritable tombeau » précise l'artiste dans le guide de l'exposition.

Dans une salle voisine, on peut découvrir un grand dessin de deux mètres de haut du Suisse Gilgian Gelzer (né en 1951). À sa surface blanche, d'innombrables entrelacs de lignes sinueuses ont été tracés avec des crayons de couleurs. Soit un réseau aussi fou qu'abstrait au sein duquel nous apprécions de nous perdre sans y rechercher la moindre signification.

Encore sous le choc de la rétrospective Cy Twombly vue récemment au Centre Pompidou à Paris, nous découvrons ici une œuvre qui s'inscrit dans son héritage et en renouvelle singulièrement le vocabulaire plastique.

Immersions + Paysages cosmomorphes
À l'Institut d'Art Contemporain jusqu'au 12 février


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