13e Prix Jacques-Deray : voyez plutôt "Credo" que "Diamant Noir"


Quand la perle rare n'est pas où on l'attend… Un mixte de stupeur et d'incrédulité accompagne souvent la révélation du Prix Jacques-Deray, remis cette année à Diamant noir.

Aussitôt balayé, heureusement, par l'annonce du titre complétant le programme de la soirée de remise de la récompense à l'Institut Lumière : le second film est choisi dans la filmographie de Jacques Deray, grand maître du genre policier, mais aussi de la tension psychologique. Tel Credo (1983), œuvre inconnue de la plupart des spectateurs — ou plutôt des télespectateurs, car ce huis clos fut tourné pour le petit écran — mettant en scène Alexandre Lenski, un professeur de sociologie convoqué par le commissaire d'un quelconque “État frère” pour répondre de sa foi catholique et y renoncer comme l'on consent à se défaire d'une sale manie.

D'une pesanteur beige glaçante, cette dramatique écrite par Jean-Claude Carrière (qui fourbit ici des arguments théologiques avant La Controverse de Valladolid) se réduit à l'essentiel : les mots et les voix — mais quels mots, et quelles voix ! Pas de lampe opaline verte, ni de staccato de machine à écrire pour meubler le décor d'une inquisition commençant comme une joute rhétorique engagée par un policier minéral (Bernard Haller, étonnant clone de Jean-Marc Barr), poursuivie par une psychologue ambiguë (Nicole Courcel) puis un prêtre quasiment agnostique (Jean-Bouise).

Face à eux, en fidèle ne demandant qu'à exercer sa liberté de conscience, Jean-Louis Trintignant renoue avec la figure du chrétien intègre, retrouvant les contours de son personnage de Ma nuit chez Maud (1969) de Rohmer. Du grand art.

Et si vraiment vous y tenez, Diamant noir de Arthur Harari sera projeté dans la foulée.

13e Prix Jacques-Deray
À l'Institut Lumière le samedi 4 mars à 16h


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