Henhouse Prowlers : les positions des missionnaires

Missionnaires du bluegrass aux quatre coins du monde, les chicagoans d'Henhouse Prowlers, habitués aux grands écarts géographiques et musicaux, viennent transformer pour un soir le Kraspek Myzik en ambassade des États-Unis de la country.


Né dans le Kentucky au cœur des montagnes des Appalaches, ce bandeau de montagnes contre lequel sont venus se fracasser les chariots et les rêves de nombreux pionniers, le bluegrass, mélange de blues et de musique traditionnelle anglo-irlandaise, n'avait guère vocation à quitter cette région. Pourtant, grâce à quelques autres pionniers et passeurs, musicaux ceux-là, il a essaimé dans l'Amérique entière, sans jamais que l'on puisse renier sa provenance.

Les Henhouse Prowlers de Ben Wright en savent quelque chose, qui, depuis Chicago, en sont devenus de vaillants ambassadeurs, rôdant chaque jour que Dieu fait dans le grand poulailler musical américain. Mais aussi en Europe et, plus surprenant, en Afrique, puisqu'on les a vu tourner au Congo, Ouganda, Rwanda, Nigéria et en tout une dizaine de pays du continent, à la demande du programme American Music Abroad du Département d'État Américain, mêlant diplomatie, échange culturel et jam au débotté avec les musiciens locaux.

Chop my money

Attachés à dépoussiérer ce genre beaucoup plus souple à l'usage que ses prédicats pourraient l'indiquer, les Henhouse Prowlers sont tout aussi enclins – comme Chris Thile, à l'honneur dans ces pages cette semaine – à reprendre le Fire de Jimi Hendrix, le Mr Charlie des hippies épiques de Grateful Dead que du Bill Monroe on the rocks.

Pas étonnant que ce soit justement en Afrique qu'ils soient allés chercher l'un de leurs plus grands tubes : un soir, sur scène au Nigéria, ils reprennent Chop My Money du duo hip-hop local P-Square. L'un des membres du groupe monte sur scène avec eux pour un "duo" en anglais et en yoruba, le principal dialecte local.

Le feu est mis, la reprise est un tube en Afrique, au moins presque autant que l'original (sur lequel figure Akon). Et clôt le dernier album du groupe, le cavalant Still on that Ride, ramenant un peu du Nigéria aux États-Unis et prouvant que le bluegrass, tout traditionnel qu'il soit, est bien plus universel qu'un morceau de country joué à 200 à l'heure au coin d'un bivouac appalachien. Le Kraspek Myzik comme souvent, mais sûrement un peu plus que d'habitude, aura donc un peu le temps d'un soir, des allures d'ambassade américaine.

Henhouse Prowlers
Au Kraspek Myzik
le samedi 20 mars


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