Andrew Weatherall pour les 4 ans du Terminal

On l'appelle la "boîte noire". Zone d'agitation en dehors des radars officiels, nécessaire espace de création underground et de mixité sociale, le Terminal fête ses 4 ans en majesté, conviant l'immense Andrew Weatherall.


Andrew Weatherall n'est peut-être pas le nom le plus évident pour les aficionados de techno courant les festivals. C'est pourtant l'une des personnalités les plus cruciales du mouvement : déjà, parce qu'on lui doit d'avoir métamorphosé I'm Losing More Than I'll Ever Have, une pop song anonyme de Primal Scream en hit planétaire, Loaded, en 1990, avec son inoubliable sample de Peter Fonda. Les Écossais l'avaient approché après avoir lu une critique positive de leur précédent album dans Boys Own, le fanzine de Weatherall mêlant pop culture et football ; il était alors journaliste mais avait déjà tâté du remix en retouchant pour les clubs le Hallelujah des Happys Mondays (en tandem avec Paul Oakenfold) et New Order, ou plus tard My Bloody Valentine... Si rock et musiques électroniques se sont ainsi rapprochés avec les années, Andrew Weatherall en est assurément un précurseur (que serait DFA sans lui ?).

Mais ce n'est pas tout : après avoir fait évoluer Boys Own en label (qui deviendra Junior Boys Own à son départ), il s'en va signer du côté de Sheffield sur un label alors à l'avant-garde absolue : Warp Records, dont il parsème trois années durant le catalogue de perles sous le nom de The Sabres of Paradise (en trio avec Jagz Kooner et Gary Burns), entre electronica, dub, techno et trip-hop (et remixant Björk et James au passage).

Avant de fonder Two Lone Swordsmen avec Keith Tenniswood. Nous ne sommes qu'en 1996 : c'est dire son influence. Car Weatherall ne s'est jamais calmé, publiant une compilation de rockabilly, des tracks en solo, des mixes aussi épatant qu'éclectiques, remixant tout ce que la planète indie ou punk recèle de merveilles (Siouxsie, Manic Street Preachers, etc).

Surtout, il personnifie mieux que quiconque ce feeling rough & punk dans un univers clubbing qui s'en est depuis largement inspiré (Optimo et Ivan Smagghe lui doivent beaucoup), intensifiant sa quête d'un son aussi caméléon qu'identifiable, entre dub (une passion profonde), expérimentations furieuses, basse post-punk, techno, dark disco et big beat... Si Public Image Limited était un DJ, ce serait Andrew Weatherall. Et si c'était un club, ce serait le Terminal.

Andrew Weatherall
Au Terminal le samedi 18 mars


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