Plus dure sera la chute

Avec L'Ascension, Antoine Demor et Victor Rossi proposent un spectacle loin des codes habituels du café-théâtre. Drôles et impitoyables, les deux comédiens nous offrent une plongée documentée dans le système politique de notre République. Idéal en période électorale.


À quelques semaines du premier tour de l'élection présidentielle, tous les Français ont les yeux rivés sur l'actualité politique. Certains la décortiquent, beaucoup la déplorent mais quelques-uns parviennent toujours à en rire. Parmi les multiples chroniqueurs, imitateurs et autres humoristes qui crèvent l'écran ou monopolisent les ondes, Antoine Demor et Victor Rossi font pourtant figure d'exception.

Avec leur spectacle, L'Ascension, ils ne se contentent pas d'envoyer quelques vannes bien senties sur un François Fillon plus Tartuffe encore que s'il était sorti de la plume de Molière. C'est bien là qu'est le tour de force : les deux comédiens font rire avec un spectacle de fond, creusé et réfléchi, qui n'analyse pas simplement l'homme politique, mais le système dans sa globalité. Préparé en amont avec les témoignages d'élus locaux et des chiffres véritables sortis de rapports de la Cour des Comptes, L'Ascension s'inscrit dans une démarche quasiment documentaire sans jamais oublier de faire rire.

Requin ou méduse ?

Si le spectacle est bien écrit, il est aussi et surtout bien joué. Antoine Demor et Victor Rossi y incarnent deux énarques, de leur concours d'entrée jusqu'à leur accession dans les plus hautes sphères de l'État. L'un est un fils à papa prétentieux bloqué tout en haut de l'ascenseur social, l'autre un fils d'assureur idéaliste prêt à mettre fin aux affaires de corruption qui gangrènent la République.

Tous deux vont évoluer, guidés par le seul raisonnement qui fasse loi en politique : ne sois pas un requin, sois une méduse et tue le requin qui te mangera. Documenté, drôle mais également extrêmement immersif – les flashs infos à la manière de RTL, BFM et Europe 1 ajoutent au réalisme – L'Ascension marque les esprits. Parce qu'il n'invente rien, si ce n'est les noms de ses personnages. Le reste n'est que pure coïncidence : écrit avant le mois de septembre 2016, le spectacle ressemble aujourd'hui à s'y méprendre à la campagne présidentielle que nous vivons. Tout simplement bluffant.

L'Ascension
À l'Espace Gerson le mardi 4 avril


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La marionnette sur tous les fronts