Old (Beach) boy

Sean O'Hagan est l'un des plus grands songwriters britanniques de ces 30 dernières années, avec le culte Microdisney et surtout les non moins culte High Llamas, à la recherche du soleil californien et de la martingale de Brian Wilson.


Au commencement était Microdisney, deux Irlandais de Cork dont l'un, Cathal Coughlan, haïssait son pays, quand l'autre, Sean O'Hagan, rêvait de Californie. Mariage de la carpe atrabilaire et du lapin fouisseur.

Un chant de stentor à l'ironie salée (Coughlan) accompagné de mélodies pointant le soleil couchant (O'Hagan), la dualité entre les deux hommes est parfaite – les mélodies et les harmonies d'O'Hagan comme un sublime contrepoint à la voix intense de Coughlan, sorte de Morrissey des enfers – et donne quelques merveilles tel l'album The Clock Comes Down et ses Are you happy ? (réponse dans la question) et Genius (sur lequel Coughlan chante « Je suis Dieu et j'apporte le pique-nique »).

À la séparation de ce duo atypique en 1988, Coughlan s'en va continuer de rouspéter avec Fatima Mansions quand O'Hagan met un peu plus de temps à relever la tête. Sans doute parce qu'il vise très haut.

Geste post-moderne

Chose faite avec The High Llamas, groupe taillé pour ses rêves – notoirement anachroniques en pleine ébullition britpop – de californication avec un certain Brian Wilson 67 et ses (Beach) boys, totem contre lequel il ne cessera jamais vraiment de se frotter, parfois aux limites, toujours respectables, du mimétisme (The Goats Looks On).

Que ce soit dans une approche classique (Santa Barbara, 1992) ; plus expérimentale – influencé en cela par ses travaux avec Stereolab dont il sera un temps membre – ; en flirtant avec l'easy listening sur Gideon Gaye et son tube Checking In, Cheking Out (1994), sans doute le chef d'œuvre des Llamas avec Hawaï où l'électronique côtoie le banjo.

Car si O'Hagan est fasciné par Wilson, il partage avec lui, comme avec Bach, Burt Bacharach ou Francis Lai, cet esprit aventureux et cette ambition sonore qui semble ne jamais connaître de limite, tout en pouvant exister dans un écosystème miniature. Et qui surtout continue, en 2017, en une geste post-moderne inextinguible, de puiser ses idées dans ce puits sans fond de références, fruit peut-être – le saura-t-on un jour ? – du sillon creusé en tournant autour de sa prétendue névrose wilsonienne.



Sean O'Hagan + Whatervershebringswesing
Au Sonic le mardi 28 mars


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