Tonnerre sous les tropiques

Fantasque et allumé, peut-être pas toujours perçu à sa juste valeur, le groupe Poni Hoax frappe un grand coup avec un quatrième album enregistré sous les tropiques : Tropical Suite. Un disque aventureux qui propulse ces parisiens encore un peu plus haut.


Si Poni Hoax s'impose de disque en disque comme l'un des groupes importants de l'hexagone, ce quatrième album, Tropical Suite, est une pierre de plus dans le jardin de cette évidence. Une nouvelle matrice d'excentricité et de poses cavalières, tapageuse mais comme rendue à l'âge adulte, reposant une fois de plus toute entière sur les épaules de son compositeur touche-à-tout Laurent Bardainne et de son fantasque chanteur Nicolas Ker.

Or c'est bien loin de l'hexagone que le groupe parisien est allé enregistrer ce Tropical Suite : sous les tropiques, de la Thaïlande au Brésil. Le moins que l'on puisse dire c'est que de l'imprégnation de ces antipodes, le groupe a ramené le meilleur de lui-même. Et nous prouve qu'avec eux, non seulement la musique ne meurt jamais (The music never dies) mais se réinvente sans cesse, que ce soit sous les doigts de Bardainne ou dans les bras d'un Ker jamais aussi à son affaire que lorsqu'il s'agit d'invoquer sans le singer le fantôme de Bowie (The Wild comme un clin d'œil conjoint à Wild is the wind, Jump they say et Let's dance (!) du Thin White Duke).

Inclassable

Si loin que l'on soit des tubes de jadis, She's on the radio et Budapest, demeure ici une geste insolente qui a toujours reconnu n'avoir pour but que de faire danser les filles et plus si affinités (All the girls, titre charmeur de serpents). C'est un fait, si Bardainne est l'un des compositeurs les plus inventifs de la scène française (espace par trop réducteur pour lui), Ker, véritable caméléon vocal (l'écoute successive de Lights out et de Belladona en atteste), peut, lui, concourir au titre en catégorie chanteur, sans que l'on sache ce que l'un ferait sans l'autre.

Car la manière qu'a le second d'habiter les morceaux du premier et d'en découdre avec des arrangements grandioses (Through the hall of shimmering lights) est simplement époustouflante. On a beau mettre bout à bout tous les genres effleurés ici – jazz, électro, funk (I Never knew you were you, dit tout cela) ou pop planante (le thème Tropical Suite), toutes les inspirations convoquées, tous les morceaux accouchés avec une facilité déconcertante de sophistication, ce qu'il reste de Tropical Suite est sûrement plus que la somme de toutes ces parties : une œuvre qui charrie trop de classe pour ne pas être inclassable.

Poni Hoax + Mona Kazu
Au Jack Jack le vendredi 24 mars


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