La Belle et la Bête


La jeune et pure Belle accepte de prendre la place de son père, capturé par la Bête — un prince charmant transformé en monstre par une sorcière. L'amour que Belle va lui porter pourrait lever le charme ; hélas, Gaston, un bellâtre bélître et jaloux va tout faire pour les séparer…

C'est au tour de La Belle et la Bête (1991) de bénéficier de la vaste entreprise de transposition du répertoire animé en prises de vues réelles. Appartenant au second “âge d'or” de la firme Disney, il se trouve donc archi-cousu de chansons (bien plus encore que Cendrillon ou Le Livre de la Jungle), voire conçu comme une comédie musicale. Une romance appelant du merveilleux, du chamarré et de la fantaisie, là où la trame supporterait volontiers un supplément de mélancolie, de gothique, de fantastique.

Ici, les crocs de la Bête disparaissent bien vite lorsque Belle commence à l'amadouer ; et les personnages/objets parlants secondaires, adjuvants destinés à adoucir le cadre terrifiant, prennent une telle place qu'ils envahissent l'écran — d'autant qu'ils sont tous campés en V.O. par des comédiens plus connus que les premiers rôles à l'image.

Grâce à cette “nouvelle version identique”, les trentenaires nostalgiques vont à leur tour initier leur progéniture aux thèmes de Alan Menken ayant bercé leur enfance. Et voilà comment une nouvelle génération sera conquise…


4 questions à... Alan Menken

Alan Menken a conquis en 1992 deux de ses nombreux Oscars pour la B.O. de La Belle et la Bête. Toujours fringant et tressautant, il a ajouté quelques titres pour cette nouvelle version. Rencontre autour d'un piano. 

Après le film d'animation et la comédie musicale, vous signez ici votre 3e partition pour La Belle et la Bête. Vous êtes encore inspiré ?
Alan Menken : Quand on est chez Disney, on ne sait jamais où on en est, ni si on en a fini. Maintenant, ils parlent de faire La Petite Sirène et Aladdin en images réelles. Vous savez, ils ne me demandent pas mon avis. C'est dans le journal que je découvre quel sera mon prochain projet !

Comment composez-vous ?
Toujours de la même manière : je recherche l'arc dramatique de l'œuvre en elle-même, puis j'essaie de construire un arc musical qui l'épouse et permette d'en suivre l'évolution. Pour le premier film de 1991, il fallait que la musique dénote et connote la France, mais aussi de la romance, du mystère. Le fait que ce soit un film d'animation musical pour Disney avec des personnages enchantés, a coloré et ouvert la partition. S'il s'était agi de faire une musique pour La Belle et la Bête de Cocteau, ça aurait été tout autre chose : on est ici dans le cadre très spécifique d'une “comédie musicale de Disney”.

À partir de quel moment considérez-vous une chanson comme suffisamment bonne et finie ?
J'ai une sorte de flair ; je le sais. Bon, il y a des critères objectifs : il faut que les paroles, la musique, mais aussi l'entrée et la sortie du dialogue ainsi que la trame fonctionnent. Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que les gens que vous avez en face de vous sont souvent au premier degré ; qu'il prennent les choses très directement. Donc, la chanson ne doit pas être trop léchée, ni trop achevée. À chaque fois, il faut voir comment une chanson est portée, comment elle est présentée. Finalement, une chanson qui fonctionne, c'est une chanson qui a une bonne accroche, comme Be Our Guest (il chante).

Comment avez-vous travaillé avec les acteurs de ce film ?
Pour être honnête, je n'ai travaillé avec eux qu'au studio d'enregistrement, quand les répétitions étaient faites et les chansons déjà acquises. Ça a été plus simple avec certains qu'avec d'autres : Ewan McGregor, Luke Evans et Josh Gad connaissaient leur truc, ils étaient dedans. Pour Emma Watson, ça a été un peu plus compliqué : elle était plus anxieuse, il a fallu qu'elle s'approprie les chansons et qu'elle les apprenne. Quant à Dan Stevens, l'interprète de la Bête, il n'avait jamais chanté…


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