Fantastic Birthday

Party de déplaisir pour une adolescente davantage en boutons qu'en fleur, cette allégorie d'un rite de passage emprunte au fantastique des contes initiatiques traditionnels, comme aux royaumes mentaux de Lynch ou au décalage de Wes Anderson. Joliment intrigant.


Taciturne et solitaire, Greta va célébrer ses 15 ans. Pour l'aider à sociabiliser, ses parents organisent une fête d'anniversaire, en conviant toute sa classe… ennemies incluses. Humiliée par icelles, Greta s'échappe dans un terrifiant monde intérieur, où elle apprendra à quitter l'enfance.

L'étrange mutation de l'adolescence… Cette phase durant laquelle le mal-être règne en maître ; où non seulement l'ex-enfant se sent étranger dans son propre corps d'adulte en devenir, mais où il peut se trouver rejeté avec cruauté par ses camarades. Empli de souvenirs indistincts aux allures de paradis perdu, son espace intérieur lui apparaît alors comme un refuge… à condition d'en retrouver l'accès.

Dawn under

Rosemary Myers nous y fait pénétrer par la sente du conte, l'interface habituellement privilégiée pour convertir en créatures merveilleuses ou terrifiantes les pulsions, désirs et angoisses infusant dans l'inconscient de l'enfance — comme Bettelheim l'a longuement théorisé. L'approche de la réalisatrice est ici presque proustienne : grâce à l'attirail du conte, Greta régresse à sa prime jeunesse afin d'y trouver les ressources lui permettant d'accomplir sereinement sa métamorphose.

L'aspect composite de Fantastic Birthday sert son propos. Quant au contexte australien et aux décors désuets-kitsch façon années 1970, où la moindre roucoulade en français semble d'un exotisme chic, ils créent un déphasage supplémentaire, renforcé par une mise en scène volontairement statique et théâtrale, jouant sur les symétries et les fixités de regards.

Dans cet infra-ordinaire à la Blue Velvet ou La Famille Tennenbaum, tout prend alors une apparence inquiétante. Et l'on partage volontiers l'anxiété de Greta, avant même de basculer dans le segment fantastique, sis en un univers parallèle cousin de ceux de Lost Highway ou de Twin Peaks. Excellemment interprété par un aréopage de jeunes interprètes, Fantastic Birthday nous rappelle au passage que le cinéma des antipodes lui non plus, n'a pas fini de grandir…

Fantastic Birthday de Rosemary Myers (Aus, 1h20) avec Bethany Whitmore, Harrison Feldman, Eamon Farren…


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