Arac, 25 ans d'âge

Depuis 1991, Rhône-Alpes cinéma se pose en productrice des films produits sur son territoire. Naviguant entre échecs et beaux succès critiques ou publics, cette activité joue sur la santé économique de la région et son prestige extérieur. 25 ans après, alors que la fusion avec l'Auvergne vient de s'opérer, quels bilans retenir de cette entreprise soutenant l'audiovisuel local ?


Pas étonnant que Roger Planchon, apôtre de la décentralisation théâtrale et cinéphile dans ses jeunes années, ait été à la manœuvre pour créer l'entité. 254 films plus tard, cette philosophie créatrice reste la même, revendiquant une pluralité encore omniprésente et une indépendance de l'Ile-de-France affirmée. « Notre ligne éditoriale se trouve dans la diversité des projets. On ne s'enferme pas dans une ligne exclusive : c'est le choix de la Région. » explique Grégory Faes, directeur général d'Auvergne-Rhône-Alpes cinéma. En théorie, le refus des querelles de clochers explique la bonne santé de l'entreprise privée, devenue Auvergne-Rhône-Alpes cinéma depuis la fusion des régions de tutelles début 2016. Pourtant, la réalité demeure beaucoup plus complexe.

Fatima de Philippe Faucon fait passer cette structure territoriale dans une nouvelle phase en obtenant le César du meilleur film en 2015. L'estime critique acquise, la Région la transforme un an plus tard avec le triomphe de la coproduction franco-suisse Ma vie de Courgette à Cannes et aux César, remportant au passage le trophée du meilleur film d'animation. Mais ces succès résultent de chantiers culturels patients…encore perfectibles.

En travaux

Si Auvergne-Rhône-Alpes cinéma confirme trois tournages en cours depuis début 2017, l'entreprise a du faire face à la promulgation en août 2015 de la loi NOTRe, changeant les domaines d'activités des collectivités et supprimant la clause générale de compétence pour les départements et les régions. Certes, l'alliance neuve avec l'Auvergne, où se trouvent Clermont-Ferrand et son prestigieux festival international de court-métrage, consolide son assise européenne mais des chantiers administratifs s'annoncent lourds.

Clermont-Ferrand bénéficiant d'une poignée de structures qui accompagnent la conception de long-métrages, Grégory Faes se dit prêt à travailler main dans la main pour accueillir des tournages dans ces nouveaux décors. « On considère qu'il n'y a qu'un seul territoire, bien avant juillet et la décision des élus : un technicien d'Auvergne est donc aussi un technicien Rhône-Alpes. »

La nouvelle Auvergne-Rhône-Alpes cinéma a encore de beaux jours devant elle malgré des périodes moins fastes, nullement dues aux concurrences régionales d'après Faes. Au contraire, le succès de Fatima de Philippe Faucon vient d'un travail commun partagé avec la région PACA. La problématique d'ARAC demeure la suivante : comment favoriser la formation et attirer une nouvelle génération de techniciens ? En plein exil des étudiants au Canada ou aux États-Unis pour compléter leur enseignement, la région lyonnaise détient comme objectif d'inverser la tendance et de relocaliser la production en France. Par là, ARAC veut regrouper tous les professionnels à Villeurbanne autour d'un même phare pointant l'horizon : le Pôle Pixel et ses 4000m2 de studios représentent à eux seuls cet idéal industriel et artistique. Dernier signe encourageant en 2016, Xilam, compagnie d'animation expatriée en Asie du Sud Est, a ouvert un studio sur le site et formé entre 60 et 70 jeunes.

300 à 400 postes restent encore à pourvoir dans toute la région : l'hémorragie de talents n'a jamais été aussi forte qu'en ce moment.

Grégory Faes et Marie Le Gac, invités des prochaines Causeries du 3ème, parleront de cette stabilisation structurelle indispensable prévue sur 20 à 30 ans et de ce premier quart de siècle et de cette évolution complexe de RAC : « La difficulté et le défi sont de suivre un mouvement constant : rien n'est jamais acquis. »

Les Causeries du 3ème
À la mairie du 3ème le mercredi 22 mars à 18h30


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