Vénus Khoury-Ghata au TNP : « Première à éclairer la nuit, Vénus... »

Le TNP accueille la poétesse Vénus Khoury-Ghata pour une soirée d'échanges et de lectures. Une belle occasion de découvrir son œuvre prolifique, lyrique et vivante.


Surprenant parcours que celui de Vénus Khoury-Ghata, née au nord du Liban en 1937 dans un village de montagne, fille d'un militaire et d'une paysanne, mariée à vingt ans à un homme d'affaires argenté et... élue Miss Beyrouth deux ans après !

Peu, sans doute, auraient alors parié sur son destin littéraire, commencé après des études de Lettres et une première publication d'un recueil de poèmes, Les visages inachevés, en 1960. Vénus Khoury-Ghata publiera ensuite, en 1971, un premier roman à Paris, Les Inadaptés, et alternera entre romans et poésie, construisant peu à peu une œuvre prolifique (une quarantaine d'ouvrages).

Cette œuvre est marquée par la mort (celle de son second mari français en 1981, et celle inhérente aux guerres civiles au Liban), l'exil (elle s'installe à Paris en 1972) et par une double culture :

« J'ai raconté mon enfance en prose et en poésie dans un français métissé d'arabe ; la langue arabe insufflant sa respiration, ses couleurs à la langue française, si austère à mon goût. Je devais écarter ses cloisons étroites pour y insérer ma phrase arabe galopante, ample, baroque. Avec le recul, je pense que la langue française m'a servi de garde-fou contre les dérapages. J'ai fini par me trouver à l'aise dans son espace. Mais je continue à entendre un bruit de fers qui s'entrechoquent comme pour un duel dès que je prends la plume »

déclare l'auteure sur le site des éditions Gallimard (qui ont publié en février 2016 une anthologie de ses poèmes).

Seuils

Vénus Khoury-Ghata viendra à Villeurbanne parler du versant poétique de son écriture. Une poésie au style direct et débordant d'images ou de lignes de fuite qui emportent le lecteur vers des visions oniriques ou cosmologiques...

« Il nous arrivait de nous relayer devant la lucarne pour apercevoir des fragments de Dieu / l'inviter à s'allonger sur notre gazon avec ses bras interminables et les angles crayeux de ses genoux / de l'appeler jusqu'aux comètes / de revenir en herbe ordinaire / en animal familier... »

(in Où vont les arbres ?, recueil paru en 2011 au Mercure de France).

Le corps, ses métamorphoses, sa plasticité et son érotisme, est très présent aussi dans ses poèmes :

« Et la femme ouverte sur la pierre de sa porte / Celle rouge à ses multiples lèvres / La femme herbeuse dans sa pénombre / Se dévêtit de sa peau / S'étreignit / Puis s'ébroua dans l'écume de son propre corps »

(Les ombres et leurs cris paru en 1979 chez Belfond). La poésie est, chez Vénus Khoury-Ghata, passage, seuil franchi entre le réel et les mots, entre les perceptions et les images qui les bouleversent.

Soirée poétique avec Vénus Khoury-Ghata
Au TNP le jeudi 6 avril à 19h (entrée libre sur réservation)


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