Daniel Bachman, la guitare qui démange


Sur ses disques l'Américain Daniel Bachman n'est pas bavard. Mais en avez-vous besoin lorsque vos doigts et une guitare disent ce que la voix ne pourrait exprimer ?

C'est un peu l'idée de l'American Primitive Guitar, genre initié par la légende John Fahey et son label Takoma Records dans les années 50, à la croisée de l'avant-garde musicale et de la country traditionnelle. Parmi ses grandes figures l'on compte Robbie Basho, Jim O'Rourke parfois ou Jack Rose, et Bachman fut l'élève et l'ami de ce dernier.

À la suite de ses aînés, il y a quelque chose de vertigineux dans la musique que Bachman tisse littéralement comme une tapisserie de Pénélope, à coups de fingerpicking et de drones.

Un vertige de la répétition qui paradoxalement ouvre à chaque instant autant de possibilités que "le chemin aux sentiers qui bifurquent" de T'sui Pen chez Borges. Des sentiers qui vous feraient passer d'un côté à l'autre du mythe américain – on reconnaît la musique des Appalaches, autant que les accents de la Conquête de l'Ouest et dans chaque titre de morceau il est question de nature – par les portes dérobées de la téléportation.

Comme si cette musique, en éventrant un folklore toujours reconnaissable avec le couteau de l'avant-garde et de l'expérimentation, fabriquait, au-delà d'un sous-texte qui se passe de mots, son propre hypertexte.  

Daniel Bachman + Christophe Langlade
Au Sonic le m
ardi 11 avril


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