À Gadagne, réouverture du début du parcours du musée des marionnettes, qui fait de ces pantins un art résolument vivant et contemporain.
Et après tout, pourquoi pas ? Cesser un temps (pour des raisons de restrictions budgétaires certainement) le rythme effréné des expositions temporaires, de la course au nombre record de visiteurs. Revenir aux fondamentaux, loin de l'événementiel.
Le musée Gadagne ouvre en ce début avril trois de ses six salles consacrées à la marionnette. Depuis 1950, outre sa fonction d'être un lieu d'Histoire de la ville, ce somptueux bâtiment Renaissance héberge plus de 2000 marionnettes, costumes, décors.... Musée international de la marionnette, musée des marionnettes du monde, c'est désormais un musée des arts de la marionnette. Derrière ce changement de nom, il y a une idée claire : la marionnette vit. Et tant pis pour le paradoxe qui consiste à l'enfermer dans un musée. Elle sort désormais des cages de verre qui l'enserrent encore jusqu'en avril 2019 dans les autres parties de cette déambulation.
Deux petits couloirs et trois salles exiguës plongées dans un bleu Klein marquent le changement radical d'approche : la marionnette bouge, elle est une madeleine de Proust. Dans le premier espace, "l'attente", elle nous saute même à la figure : Kermit, PPD, les créations de Johanny Bert, Turak, Courgette et sa maman, des anciennes figures d'autres continents et surtout un sac plastique, celui qu'a magnifié Phia Ménard dans L'Après-midi d'un foehn, pointent leur tête derrière des mailles qui les mettent à portée de main.
Cet objet, célébré par le ministère de la Culture via la naissance d'un label national cette année, est pleinement actuel. Mais le regarder (éclairé par un phare qui braque son projecteur sur le personnage choisi par le visiteur) ne suffit pas. Il est donc ensuite possible d'écouter et voir trois marionnettistes (Michel Laubu, François Lazaro et Camille Trouvé) nous raconter sur des écrans miroirs comment ils prêtent gestes et parole à une balle de bois ou une figure géométrique.
Enfin, sur des toiles, un savant montage de spectacles (Philippe Genty...) donne l'occasion non seulement de voir comment sur scène les marionnettes sont des acteurs comme les autres, mais surtout comment elles sont regardées aux quatre coins du monde par les yeux des enfants d'Asie ou d'ici.
Musées Gadagne
1 place du Petit Collège, Lyon 5e
Du mercredi au dimanche de 11h à 18h30