La vie des autres

Surpris par le succès de son premier album, le quatuor Glass Animals, s'est lancé pour le second, How to be a human being, dans une sorte d'épopée pop du quotidien. 


L'affaire devrait plaire à l'écrivain François Beaune, lui qui, depuis quelques années, passe la majeure partie de son temps à recueillir comme un entomologiste des histoires vraies de vrais gens tout autour de la Méditerranée et un peu partout en France – initiative qui a produit deux ouvrages remarquables : La Lune dans le puits et le roman Une histoire de Gérard en Occident – comme s'il s'agissait de répondre par petites touches, comme on compose un puzzle, à une question qui pourrait être : « Comment être un être humain ? »

C'est en effet le titre, How to be a human being (en anglais et sans point d'interrogation), du second album de Glass Animals sur lequel ils ont peu ou prou tenté de livrer un manuel de l'être humain. L'idée est venue au leader chanteur Dave Bailey, alors que le groupe goûtait à peine le succès de leur premier disque Zaba : des centaines de milliers d'albums vendus, des centaines de millions de streams sur Spotify, des scènes parfois énormes marquant les étapes d'une de ces tournée dont les temps morts sont propices à la création.

Kaléidoscope

Il s'agissait donc pour lui, inspiré entre autres par les travaux du documentariste Les Blank, de recueillir des témoignages et anecdotes, d'amis, d'inconnus, de gens croisés – sans toujours les en avertir – sur leurs vies. Autant d'histoires vraies accumulées sur deux ans et mises en forme et en fiction en une semaine à peine.

Mises bout à bout, et en musique d'une manière folle et riche de sons de toutes sortes – un genre de psyché-r'n'pop extrêmement malin qui surpasse de très loin le trop languide Zaba –, ces chansons-histoires, pleines de jeux vidéos, de bouffe (de mayonnaise mangée à même le pot, notamment), de drogues (qui expliquent pourquoi on mange de la mayonnaise à même le pot), de pop culture et de télé constituent une sorte de bréviaire de la condition d'être humain vue par le petit bout d'une lorgnette où le kaléidoscopique, en livrant sur la longueur un récit qui serait l'emboîtement de tous ceux qu'elle contient, vous aspire dans l'universel.

« La vie elle-même » dit le premier titre de l'album. Vue en coupe car coupée en tranches. Et mise en tube, pour la science et pour la danse par un groupe qui au passage n'a pas oublié de réinventer la sienne, de vie.

Glass Animals
Au Transbordeur le mardi 2 mai 


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