Le Goût du tapis rouge

de Olivier Servais (Fr, 1h13) documentaire


Dix jours en mai, leur vie s'interrompt, cependant qu'elle s'illumine. Guetteurs ou  arpenteurs, ils forment une foule compacte s'agglutinant autour des marches du Palais des Festivals et roulant le long de la Croisette. Deux éditions durant, Olivier Servais a braqué ses regards vers ce peuple de l'ombre, les uns mendiant des paillettes aux étoiles, les autres œuvrant à leur service.

Cannes vu par les vraies gens, hors apparat et coupe-file… L'idée était séduisante de partager un point de vue “plébéien”, extérieur, éventuellement dissonant — plutôt que les sempiternels clichés sur l'angoisse de la star au moment de gravir les escaliers ou l'art du concierge de palace à satisfaire ses caprices. Hélas, Servais semble parti tourner à caméra-que-veux-tu, et avoir ensuite effectué un collage à la diable de ses séquences, histoire de leur donner un cachet expérimento-impressionniste. Le résultat est fade, factice et soporifique.

Cependant, s'il fallait retenir une chose de ce vrac, c'est que la faune statique des fanatiques du Festival est aussi diverse dans ses motivations que bariolée. On ne comprend toujours pas ce qui pousse des aficionados à attendre des heures pour espérer la photo floue ou le sourire d'une vague idole, mais Servais les montre plus touchants que pathétiques dans leur liturgie sacerdotale.


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