Bon annivers'Air

Pour les 15 ans de Nuits Sonores, Air, qui n'est pas venu jouer à Lyon depuis 10 ans, vient fêter ses 20 ans, en investissant le vaisseau-maire de la grande musique lyonnaise qu'est l'Auditorium. Juste retour des choses pour un groupe qui nous a fait voyager très haut. Stéphane Duchêne


« J'avais 20 ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie » écrivait Paul Nizan dans l'incipit d'Aden Arabie. Lequel aurait sûrement révisé son jugement s'il avait su qu'à 35 ans, il serait déjà canné. 20 ans, c'est l'âge, très beau, eh oui, qu'a aujourd'hui le duo versaillais Air.

Plus précisément il les a eu officiellement l'an dernier mais l'anniversaire, survenant paradoxalement après six ans de parenthèse et ponctué d'une compilation augmentée d'inédits baptisée Twentyears ainsi que d'une tournée ad hoc, se prolonge en cette année 2017. Celle du 20e anniversaire d'un EP (Premiers Symptômes) qui a fait entrer Air dans la lumière et les musiques actuelles françaises dans une nouvelle ère.

L'an prochain ce sont les 20 ans du triomphal et révolutionnaire Moon Safari que l'on fêtera sans doute. Ce qui peut nous faire dire que non seulement Air aura 20 ans pour très longtemps, comme le chantait Pierre Bachelet, mais que c'est aussi un peu de nos 20 ans à nous qui revivent au son de cette électro-pop rétro-futuriste, assumant des grands écarts esthétiques que leur sens de la texture musicale venait magiquement adoucir.

Un ticket pour l'espace

C'est avec cette recette et ces ingrédient intemporels, et malgré, comme tout musicien, une discographie inégale (surtout vers la fin), qu'Air est parvenu à créer une musique qui 10, 15, 20 ans après, n'a pas pris une ride. Il est intéressant d'ailleurs de constater que ce goût pour le rétro-futurisme produit un effet miroir entre leur premier album Moon Safari et Le Voyage dans la Lune, bande son du film éponyme de Méliès composée en 2012 à l'occasion de sa restauration en version colorisée.

Comme s'il s'était agi alors de boucler la boucle de leurs pensées musicales et lunaires. Celles-là même qui nous avaient donné des envies de conquête spatiale et les avait assouvies, nous gratifiant d'un ticket pour l'espace en faisant de nous des Thomas Pesquet en puissance sans avoir eu à en passer par la case centrifugeuse – ce dont on les remercie.

Aujourd'hui, qu'il sont rabattus sur ce genre de projets épars et évaporés (Music for Museum, comme son nom l'indique, en 2014) on ne sait si Air produira encore des albums au sens propre. Ce qui est sûr c'est que sa musique continuera de flotter encore longtemps dans l'air. 20 ans, ce n'est qu'un début.

Air

A l'Auditorium

Mardi 23 mai


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