Bon annivers'Air

Air, qui n'est pas venu jouer à Lyon depuis 10 ans, vient fêter ses 20 ans en investissant le vaisseau-mère de la grande musique lyonnaise qu'est l'Auditorium. Juste retour des choses pour un groupe qui nous a fait voyager très haut.


« J'avais vingt ans et je ne laisserais personne dire que c'est le plus bel âge de la vie » écrivait Paul Nizan dans l'incipit d'Aden Arabie. Lequel aurait sûrement révisé son jugement s'il avait su qu'à 35 ans, il serait déjà canné. Vingt ans, c'est l'âge, très beau, eh oui, qu'a aujourd'hui le duo versaillais Air.

Plus précisément, il les a eu officiellement l'an dernier mais l'anniversaire, survenant paradoxalement après six ans de parenthèse et ponctué d'une compilation augmentée d'inédits baptisée Twentyears ainsi que d'une tournée ad hoc, se prolonge en cette année 2017. Celle du 20e anniversaire d'un EP (Premiers Symptômes) qui a fait entrer Air dans la lumière et les musiques actuelles françaises dans une nouvelle ère.

L'an prochain ce seront les vingt ans du triomphal et révolutionnaire Moon Safari que l'on fêtera, sans doute. Ce qui peut nous faire dire que non seulement Air aura vingt ans pour très longtemps, comme le chantait Pierre Bachelet, mais que c'est aussi un peu de nos vingt ans à nous qui revivent au son de cette électro-pop rétro-futuriste, assumant des grands écarts esthétiques que leur sens de la texture musicale vient magiquement adoucir.

Un ticket pour l'espace

C'est avec cette recette et ces ingrédients intemporels et malgré, comme tout musicien, une discographie inégale (surtout vers la fin), qu'Air est parvenu à créer une musique qui dix, quinze, vingt ans après, n'a pas pris une ride. Il est intéressant de constater que ce goût pour le rétro-futurisme produit un effet miroir entre leur premier album Moon Safari et Le Voyage dans la Lune, bande son du film éponyme de Méliès composée en 2012 à l'occasion de sa restauration en version colorisée.

Comme s'il s'était agi alors de boucler la boucle de leurs pensées musicales et lunaires. Celles-là même qui nous avaient donné des envies de conquête spatiale et les avaient assouvies, nous gratifiant d'un ticket pour l'espace en faisant de nous des Thomas Pesquet en puissance sans avoir eu à en passer par la case centrifugeuse – ce dont on les remercie.

Aujourd'hui qu'il sont rabattus sur ce genre de projets épars et évaporés (Music for Museum, comme son nom l'indique, en 2014), on ne sait si Air produira encore des albums au sens propre. Ce qui est sûr, c'est que leur musique continuera de flotter encore longtemps dans l'air. Vingt ans, ce n'est qu'un début.

Air
À l'Auditorium le mardi 23 mai


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