Faisons un point Cardinale


La proximité de la proclamation du palmarès cannois est l'occasion toute trouvée d'évoquer le cycle Claudia Cardinale, qui marque sa mi-temps à l'Institut Lumière. Cette semaine en effet, le public a la chance de redécouvrir sur le très grand écran de la rue du Premier-Film deux jalons du cinéma italien des années soixante. Deux œuvres qui connurent en leur temps des succès immenses et cependant distincts : l'une fut Palme d'Or en 1963, l'autre s'imposa au box-office de 1969 en attirant près de 15 millions de spectateurs dans les salles françaises. Un demi-siècle plus tard, leur prestige n'a pas diminué — au contraire. Désormais revêtues d'une élégante et respectable patine, elles se voient érigées au rang de classiques indiscutables. Et leur confrontation révèle d'étranges similitudes. 

Car au-delà de leurs différences stylistiques ou d'époque, l'épopée Le Guépard de Luchino Visconti et le western Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone se ressemblent par leur ambition opératique. Ils partagent surtout une même thématique : la description d'un changement d'époque, d'un basculement (d'une disruption, comme l'on dit volontiers de nos jours). Pour le prince Salina, c'est le Risorgimento et les incertitudes pesant sur la postérité de la vieille aristocratie ; pour le Far-West, c'est l'arrivée du chemin de fer, donc de la modernité, sur des terres gouvernées par la loi du six-coups.

Dans les deux cas, ces révolutions comptent pour témoin actif une femme à l'œil charbonneux faisant vaciller les rugueux conquérants ; un personnage décidé et décisif se prénommant Angelica en robe à crinoline ou Jill en tenue de fermière, campé par la magistrale Claudia Cardinale.

Rétrospective Claudia Cardinale
À l'Institut Lumière jusqu'au 25 juin


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