Le feu dans l'arène

Réputé pour ses prestations live flamboyantes, Arcade Fire revient à Fourvière retrouver le public qui l'avait tant aimé il y a dix ans, alors qu'il entamait leur ascension fulgurante. Communion collective en vue.


Dans le live filmé à la Salsathèque de Montréal en 2013 par nul autre que Roman Coppola, alors qu'Arcade Fire se livrait à une série de concerts happenings secrets, en apéritif de leur dernier album en date Reflektor, une poignée de caméos venaient pimenter le moment, incluant James Franco, Ben Stiller, Bono ou Michael Cera. Parmi eux, Zach Galifianakis (aka le gros barbu de Very Bad Trip) y allait de cette blague : « Lors de vos premiers concerts, il y avait plus de personnes sur scène que dans le public, vous n'avez pas besoin de trois batteurs. »

S'il y a un peu de vérité dans cette blague de sale gosse, tant la troupe Arcade Fire pourrait reprendre pour elle le slogan d'Anonymous (dont ils sont un peu le versant rock) : « nous sommes légion », cela n'a pas duré longtemps. Il aura suffit, il y a douze ans, d'un buzz né des internets, à l'époque beaucoup moins prescripteurs qu'aujourd'hui où la viralité ne connaît pas de limite, puis de la sortie de Funeral, pour qu'Arcade Fire passe en quelques mois de curiosité indé à nouveau sauveur du rock des années 2000.

Fanfare rock et folle

C'est là le prodige réalisé par la bande du texan Win Butler : être devenu l'un des grands représentants du stadium rock sans jamais rechercher la facilité qui va avec. De fait, depuis le départ, Arcade Fire compose des hymnes, mais des hymnes exigeants.

Une particularité qui tient à la nature du groupe : fanfare rock et folle où le chant à l'unisson finit par tout emporter, et l'énergie rock déployée par tout fracasser sur son passage. Point n'est besoin pour le groupe d'avoir un album à présenter pour attirer les foules en masse comme ce sera le cas pour leur deuxième date à Fourvière dix ans après la première.

Et si la blague de Galifianakis finit par se vérifier une fois de plus, ce sera uniquement parce que le groupe aura décidé comme c'est souvent le cas de descendre directement dans l'arène pour ne faire plus qu'un avec son auditoire et faire se confondre, en une belle folie communicatrice, scène et public.

Arcade Fire + Barbagallo
Au Théâtre antique de Fourvière
le lundi 5 juin


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