HHhH

de Cédric Jimenez (Fr, 2h00) avec Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O'Connell…


Allemagne, 1931. Radié de la marine pour une affaires de mœurs, Reinhard Heydrich épouse Lina von Osten et avec elle le nazisme. Il créera pour Himmler un service de renseignements, puis les Einsatzgruppen ; théorisera la Solution finale avant de périr en 1942 dans un attentat.

Le roman de Laurent Binet, HHhH (en français décrypté, “le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich”) fait partie de ces ouvrages qu'une adaptation cinématographique condamne immanquablement au nivellement par la médiocrité, au sens propre du terme. Les contraintes budgétaires sont telles qu'il faut accumuler les coproductions (donc les concessions) quitte à édulcorer les audaces narrative et/ou artistique. 

Avec sa distribution internationale et sa version originale anglophone, HHhH renvoie à ces euro-puddings qui faisaient l'ordinaire des années soixante-dix. Cédric Jimenez, qui avait déjà montré son attachement à cette période dans La French, tente d'en limiter la fatale pesanteur grâce à une construction non strictement linéaire, histoire de dynamiser son récit. Il induit ce faisant des effets de rebond efficaces, ne survivant hélas pas à l'agonie d'Heydrich : la fin du film (un bon quart), consacrée à la traque et l'exécution des résistants ayant abattu le nazi est longue à se boucler, dans une grandiloquence un peu inutile.


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