Les amateurs d'amphibiens le savent (et ils sont nombreux à nous lire), un axolotl, "monstre d'eau" en langue aztèque, est un amphibien vivant essentiellement au Mexique et possédant la capacité unique de se reproduire à l'état larvaire. Mieux, il est capable de régénérer certains de ses organes endommagés (œil, cerveau), ce qui, un accident étant vite arrivé, est bien pratique. Selon les scientifiques, sa tolérance aux greffes et à la transplantation, ce pourquoi il est beaucoup étudié, est largement au-dessus de la moyenne des êtres vivants. Les musiciens de Tifa's avaient sans doute en tête quelques-unes de ces notions en baptisant leur EP de 2013 du nom de cette incroyable créature, The Axolotl, eux qui possèdent un talent avéré pour la greffe, la transplantation et la régénérescence.
Se réclamant aussi bien de Debussy que de Bach ou Mozart (même si ça ne s'entend pas forcément), les Lyonnais de Tifa's produisent une pop baroque qui flirte volontiers avec le rock expérimental, que ce soit celui initié en son temps par les figures du krautrock ou, plus proche de nous, du post-rock. Mais avec cette voix qui alterne entre les inflexions marécageuses et les tentatives de défiance de la pesanteur, ces basses martiales et ces claviers mesmérisants, on pense beaucoup au Radiohead post-OK Computer et aux folies transformistes de Thom Yorke. Entre toutes ces esthétiques, Tifa's ondule avec la maîtrise d'une fascinante créature d'eau à étudier en laboratoire.
Au Bal des Fringants le samedi 10 juin