Dora ou les névroses sexuelles de nos parents

de Stina Werenfels (Sui, 1h28) avec Victoria Schulz, Lars Eidinger, Jenny Schily…


« Différente », selon sa mère, agissant souvent avec la spontanéité désinhibée d'une enfant, Dora vient de fêter ses 18 ans. Libérée des traitements, elle découvre des pulsions nouvelles. Le hasard place sur sa route un homme trouble qui la viole, mais avec lequel elle va entretenir une relation, jusqu'à se retrouver enceinte.

Attention, exception ! Dans le cinéma traitant du handicap, il est hélas rare que le fond et la forme présentent simultanément de l'intérêt. Stina Werenfels accomplit donc un petit miracle de délicatesse avec ce premier long-métrage abordant l'épineuse question (en particulier pour leurs parents) de l'autonomie sexuelle des personnes en situation de handicap mental. 

Lumineux grâce à une photographie éclatante, son film épouse volontiers la singularité du regard de Dora, à la pureté innocente et inconditionnelle — mais non universel, car elle choisit qui elle aime. Et en dépit de ce contexte de départ atypique, tout (des rivalités générationnelles mère/fille à la proximité père/fille, en passant par l'étendue de la gamme de sentiments exprimés par Dora), nous ramène à un schéma connu, prouvant qu'il n'y a pas “d'amour handicapé” — en l'occurrence, juste un obscène profiteur.

Apprécions pour finir l'interprétation de Victoria Schulz, qui pourrait en remontrer aux stars hollywoodiennes s'égarant dans de soi-disant performances…


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