Vundakids

Héritiers d'une tradition née dans le Massachusetts, Vundabar endosse avec une facilité déconcertante le legs d'une pelletée d'illustres aînés, fait de surf-music, de proto-punk, de noisy-pop et toutes ces sortes d'indie-choses bruyamment mélodiques.


Il y a presque trois ans, en ouverture de Sebadoh au Marché Gare, les plus observateurs des spectateurs – du moins ceux qui n'étaient pas trop transis d'impatience à l'idée de retrouver leurs vieilles idoles Lou Barlow et Jason Loewenstein pour ne pas faire œuvre d'une inattention compréhensible – avaient sans doute remarqué ces jeunes Vundabar chargés de chauffer la salle, dignes héritiers de la tradition rock du Massachusetts.

Car c'est bien dans leur état natal, à l'ombre de certaines des grandes universités (Harvard, Cambridge, M.I.T. Amherst...) ou dans les banlieues de Boston, qu'est née la fine fleur de la power-pop et du rock à guitares indie :

Dick Dale, père du surf rock ; les Géo Trouvetou proto-punk The Modern Lovers ; le Galaxie 500 du velvetolâtre Dean Wareham ; The Cars, inventeurs de la formule power ; le mélange rock milky-way (croustillant à l'extérieur, moelleux à l'intérieur) des Pixies ; Dinosaur Jr. et ses finesses techniques logées dans un grand fracas je-m'en-foutiste ; Sebadoh, exutoire de l'aigre-doux Lou Barlow, également bassiste de Dinosaur Jr., et pour ainsi dire Weezer, sorte de Beach-boys noisy nés dans la caboche d'un étudiant d'Harvard nommé Rivers Cuomo...

Crises de nonchalance

Dans le cas de Vundabar, voilà ce qu'on appelle être à bonne école. Certes, lorsque les groupes précités faisaient successivement les choux-gras de la presse musicale et les grandes heures des college radios, les gamins de Vundabar étaient au pire pas nés, au mieux babillaient en culottes courtes dans quelque courtyard de Boston. Et pourtant c'est comme si cet art consommé de la main de velours dans un gant de fer avait infusé l'esprit de ce jeune groupe, deux albums au compteur, qui peine à cacher son talent mélodique derrière des murs de guitares, à remiser la lascivité de ses compositions à la remorque d'intentions rageuses.

On reconnaît bien là des petits frères de Weezer et des Pixies, mélange, avec une touche de surf, de grâce pop collant aux godasses et de débaroulage toutes guitares dehors, aménagé d'harmonies vocales là où d'habitude elles arracheraient la gueule de n'importe qui d'autre. Le tout en piquant à chaque morceau l'une de ces crises aiguës de nonchalance telles qu'on en chopait dans les années 90 en passant du lit au canapé et du punk à la pop. De ces nineties, et de la nostalgie qui va avec, qu'on ne s'y trompe pas, ces types sont si ce n'est l'avenir, du moins le présent perpétuel.

Vundabar + Bobine
Au Sonic
le samedi 17 juin


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