Renversant 


Le pervers, narcissique ou non, est tellement à la mode qu'il semble partout présent : dans le couple, au bureau, à l'école... Une véritable épidémie ! Pour Freud, la perversion est une déviation de la sexualité "normale", et plus globalement le pervers se sert de l'autre en déniant son altérité, sa différence.

Le chorégraphe et circassien belge Alexander Vantournhout (né en 1989) et la dramaturge Bauke Livens ont voulu, avec leur pièce Raphaël, explorer « les frontières fines entre l'intimité et la perversité, et à quel point ces frontières deviennent floues quand un corps actif et un corps passif – un sujet et un objet – dépendent l'un de l'autre. » (selon leurs notes d'intention).

Les deux artistes tentent de remettre un peu de complexité et de nuance dans la perversité et les rapports humains. Leur duo met en scène deux hommes sur une scène nue : l'un manipule l'autre comme une marionnette désarticulée afin d'en faire une sorte de partenaire de danse et de vie. Certaines séquences sont techniquement impressionnantes (à la limite de la contorsion et de l'acrobatie), et la pièce évolue, avec intelligence, vers un renversement dialectique entre manipulateur et manipulé, sujet et objet.

Raphaël, d'Alexander Vantournhout & Bauke Lievens
Aux Subsistances les 14 et 15 juin


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