Prix Lumière 2017 : Wong Kar-wai et les autres

Retour aux fondamentaux pour le Prix Lumière 2017 : un cinéaste sera récompensé le 22 octobre prochain à Lyon et il s'appelle Wong Kar-wai.


On ne vous fera pas lanterner comme le patron de l'institut Lumière, qui avec son affable et coutumière cruauté a fait durer le suspense 90 minutes en truffant sa présentation de force anecdotes, digressions ou boutades : Wong Kar-wai sera le 9e récipiendaire du Prix Lumière. Un choix audacieux qu'il convient tout d'abord de saluer : à présent que le Festival est installé, avec des spectateurs·rices fidélisé·e·s et acquis·es à sa cause, il peut user de sa jeune notoriété pour célébrer des personnalités moins “évidentes” que Catherine Deneuve. Pour quitter l'axe Europe-Amériques. Et populariser le travail d'un artiste à la carrière plus discrète ayant cependant exercé une influence considérable sur ses contemporains.

Car même si le monde entier a succombé à son hypnotique “hit” In the Mood for Love (2000), dont la rythmique visuelle et musicale est immédiatement reconnaissable par le grand public, l'œuvre du cinéaste shanghaïen appartient à un registre plus art et essai. Grâce à ce Prix, le grand public aura ainsi l'occasion de découvrir non seulement l'intégralité de ses longs métrages depuis As Tears Go By (1988) jusqu'à The Grandmaster (2013), mais aussi de constater à quel point ce formaliste d'exception a su capter dans les tressautements de la jeunesse et les spasmes amoureux, du polar à la romance, les mues politiques et sociales de son temps. 

On espère évidemment que la rétrospective fouillera du côté de ses courts métrages (outre ses participations à des films collectifs comme Eros à Chacun son cinéma, WKW a aussi signé des clips et des publicités) ainsi que des nombreux scénarios qu'il a écrits à son époque HK), et qu'elle conviera quelques silhouettes ayant arpenté ses images — les incontournables Maggie Cheung et Tony Leung Chiu-wai notamment. Réponse plus tard pour le détail…

Programmations parallèles

Comme le Festival Lumière est un festin à plusieurs entrées — si l'on ose cette hardie métaphore culinaire —, il faudra conserver de l'appétit pour la suite des agapes. Au chapitre des rétrospectives, en écho avec les prochaines sorties de deux films présentés à Cannes dans lesquels il effectuait une fantomatique apparition (Visages, Villages d'Agnès Varda & JR et bien sûr Le Redoutable de Michel Hazanavicius) Jean-Luc Godard fera l'objet d'une intégrale (en tout cas, des débuts jusqu'à la période 68), montrant à quel point ce jeune homme pouvait être un boute-en-train poète entre deux crise de dialectique critique. On se réjouit de (re)voir l'œuvre (au noir) d'Henri-Georges Clouzot, monument trop tôt stoppé dans ses élans visionnaires, qui sut mieux que quiconque enregistrer les visages du vice et les laideurs intérieures. Un ultime programme promet une sélection de westerns concoctée par Bertrand Tavernier (qui en profitera pour montrer la suite déclinée en 8 ou 9 épisodes pour la télévision de son Voyage à travers le cinéma français).

Rayon grandes projections, des monuments restaurés retrouveront le chemin des salles : Rencontres du Troisième Type (l'original ou l'édition spéciale, on ne le sait pas encore), 1900 et 2001 : L'Odyssée de l'espace présenté par un furieux de Kubrick et de ce film en particulier (vous n'avez qu'à revoir ses réalisation pour le plaisir d'abord, et pour le constater ensuite) : Gaspar Noé. Tout aussi musical mais moins bariolé, Harold Lloyd. L'acrobate aux binocles de Monte là-dessus ! sera la vedette de ciné-concerts à l'ONL dans la section “Sublimes moments du muet”, où l'on retrouvera également Buster Keaton pour la suite de la retrospective entamée l'an passé. “L'histoire permanente des femmes cinéastes” s'intéressera à ces réalisatrices n'ayant signé qu'un film — à l'instar de Barbara Loden (Wanda, 1970). Il nous tarde de découvrir la liste.

Elles·Ils seront là !

Non, on ne connaît pas encore les noms des ambassadeurs·rices chargé·e·s de présenter les séances — d'ailleurs, on ne connaît quasiment aucun titre de film projeté ! En revanche, on sait que Guillermo Del Toro a répondu présent pour venir parler de BD, films d'horreur, Simenon et accompagner à la cool sa nouvelle réalisation en avant-première. Que Diane Kurys se verra honorée dans sa ville de naissance, certainement avec la projection de Sagan. Que Georgio Moroder viendra déverser quelques notes synthétiques (ou en tout cas évoquer ses compositions). Que la très éclectique et inclassable Tilda Swinton a accepté de venir parler de ses carrières d'actrice, réalisatrice, artiste… Car oui, la formule master-class est plus que jamais reconduite — et Wong Kar-wai y sacrifiera comme tous les Prix Lumière.

Terminons ce bref aperçu par la mention de la séance pour les enfants à la Halle Tony-Garnier avec Le Roi Lion, qui sera complété par une programmation Walt Disney et la France. Sans surprise, La Grande Nuit de cinéma et la soirée d'ouverture à la Halle, les Village de Jour à l'institut Lumière et de Nuit à la Plateforme, mais aussi le Marché international du film classique (réservé aux professionnels) sont aussi annoncés. Mais pour le détail, il faudra désormais s'armer de patience : c'est fin août que les ultimes secret sont traditionnellement levés.

Festival Lumière 2017
Du 14 au 22 octobre


<< article précédent
Origami, romantisme industriel aux Invites de Villeurbanne