Bad Buzz

de Stéphane Kazandjian (Fr, 1h17) avec Eric Metzger, Quentin Margot, Razane Jammal…


Pourquoi toutes les demi-gloires télévisuelles éprouvent-elles le besoin de “faire du cinéma” ? Le goût du lucre ou les exigences d'un ego tyrannique peuvent expliquer, à défaut de justifier, la présence de ces notabilités météoritiques sur grand écran. Semblant considérer comme négligeable la nécessité d'avoir au préalable une idée à défendre ou une histoire à raconter, elles accouchent de films présentant moins d'intérêt que le support vierge sur lequel ils sont projetés.

Derniers marioles à tenter l'aubaine, les duettistes Éric et Quentin, habitués à pondre au kilomètre des sketches en prise directe avec l'actualité pour l'émission Quotidien. Le ton volontiers impertinent du magazine les autorise à se montrer parfois corrosifs, en réaction aux outrances ordinaires des “puissants” qu'ils brocardent. La brièveté des saynètes compense la réalisation de bric-et-de-broc, à l'amateurisme potache plus que revendiqué : exagéré.

Au cinéma aussi on a le droit de faire les cons, mais sérieusement. Et il faut se montrer autrement costaud dans l'écriture pour être perçus comme transgressifs : la somme des contraintes — surtout celles imposées par les producteurs télévisuels, paradoxalement — est telle que la moindre excentricité est abrasée. Avec cette histoire de simili stars de la télé impliquées par erreur dans un bad buzz zoophile et nazi (point Godwin d'entrée) et leur faible collection de gags éculés, Éric et Quentin ne se hissent pas à l'orteil de Judd Apatow ou Seth Rogen dont ils se rêvent sans doute les épigones hexagonaux.

S'ils font jouer des comédiens trisomiques, c'est pour surjouer l'ouverture d'esprit ; s'ils s'intéressent à un camp de migrants, c'est pour y sauver une belle réfugiée disposée à devenir une épouse dévouée. Fausse compassion pour l'extra-ombilical, auto-satire de carnaval, réalisation à la truelle, interprétation à la javel : merci, au revoir.


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