Nouvelle ère au théâtre de Vienne

Après une saison très fortement secouée par un plan social concernant cinq employés, le théâtre de Vienne aborde 2017/18 avec un nouveau directeur, Michel Belletante, et une programmation dense et classique.


L'année dernière, à la même époque, les salariés (hors direction) du théâtre de Vienne entamaient une grève. Ils savaient leurs postes menacés après qu'en mars 2016, le conseil municipal ait abruptement voté une baisse de dotation de 100 000€ (sur les 740 000 alors attribués). La Chambre régionale des comptes estimait que, sur la période étudiée (2009 à 2013) :

« l'établissement devrait rechercher des économies de fonctionnement, en réduisant les frais de personnel et en recherchant des partenariats avec les autres acteurs du spectacle vivant de l'agglomération » pour pallier un « modèle économique [qui] repos[ait] sur une très forte dépendance aux subventions ».

Résultat des courses : les levers de rideaux passent de 60 à 105 avec cinq personnes en moins pour les gérer ! Ce défi cornélien est celui qui attend Michel Belletante, metteur en scène directeur de l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix (Isère) durant quatorze ans et dont il estime avoir été « mis à la rue » avant d'être accueilli en résidence dans ce théâtre de Vienne, époque Giuliano Tenisci (directeur de 2003 à 2016). Il le reconnaît aisément :

« on ne pourra pas faire ce travail sans embauche mais il faudra jongler avec les départs à la retraite, mise à disposition de personnels par la ville, etc ».

Recréer le répertoire

Le pari est donc de proposer une multiplicité de spectacles qui – nouveauté – s'installent sur trois à quatre soirs plutôt qu'un one-shot : une excellente idée quand on sait le poids du bouche à oreille et la difficulté de communiquer sur des dates trop éphémères. En revanche, le contenu de la programmation est assez classique et sans risque : Francis Huster dans la peau d'Albert Camus en ouverture, Lætitia Casta (actrice surprenante et convaincante) dans Scènes de la vie conjugale ou des shows humoristiques comme François-Xavier Demaison ou Les Darons (tous vus à la télé dans Engrenages, Scènes de ménage..).

Humour donc, théâtre mais aussi musique (baroque, jazz, chanson avec Les Concerts de l'Hostel-Dieu, Amélie-les-Crayons, Kent...) et jeune public qui constitue la moitié des plus de 20 000 spectateurs annuels (scolaires compris). À noter pour les enfants la magnifique petite forme de la compagnie La Cordonnerie, Udo complètement à l'Est, variation de leur Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin, soit la destinée du père de l'héroïne aux cheveux ébènes.

Mais le grand axe choisit par Michel Belletante est celui de « l'illustre théâtre » puisque qu'il consacre sa première saison à Molière (viendront Corneille et Shakespeare pour les années suivantes de son mandat de trois ans). En complément des reprises de l'Amphitryon de Guy-Pierre Couleau (aux Célestins en janvier dernier), L'Avare de Jacques Osinki (ancien directeur du CDN de Grenoble) et son propre travail sur Le Misanthrope, il monte en décembre Monsieur de Pourceaugnac.

Son idée ? « Redonner le plaisir de la sortie théâtrale »

Quitte peut-être à déclamer le générique en fin de pièce, dit-il sur une semi-boutade, façon Au théâtre ce soir, appellation qu'il inscrit d'ailleurs dans les documents publics. Si on comprend bien l'intention de cette double démarche (renforcer le lien entre artistes et spectateurs) et la nécessité économique de remonter les ressources de la billetterie, pour l'instant, à première vue, cette saison manque de sang neuf malgré quatre créations annoncées.

Le prix des spectacles n'a pas encore été communiqué sauf celui des propositions famille inchangé (5/10€). Pour la première fois, la création de deux catégories de fauteuils en fonction de leur emplacement est envisagée afin d'exploiter les 330 places de ce lieu (seules 280 l'étaient jusqu'alors).

Pour répondre aux volontés de la mairie, la direction du théâtre va travailler étroitement avec les structures culturelles locales existantes (conservatoire, MJC, bibliothèque...) et va bénéficier de la salle du Manège qui sortira de terre en janvier prochain : un équipement de 800 places et d'une large ouverture de plateau que le théâtre investira deux fois cette saison pour pallier sa scène étroite, mais le Manège n'aura pas le charme du théâtre à l'italienne adossé aux jardins de Cybèle.


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Les Nuits de Nadja - Le Petit Bulletin aux Nuits de Fourvière #4