Stalker à l'Institut Lumière


Même si la soirée d'ouverture de la rétrospective Andreï Tarkovski (1932-1986) est prévue mardi 5 septembre autour de L'Enfance d'Ivan, cinq des six films programmés seront déjà visibles dès le 1er septembre — autant dire la quasi totalité de cet hommage en copies restaurées, et la presque intégralité de l'œuvre du cinéaste soviétique. En un quart de siècle, Tarkovski a signé sept longs-métrages malgré des embûches politiques, censoriales, économiques et, en définitive, la maladie. Pourtant, chacun d'entre eux est un continent à part dans le paysage mondial, une source d'inspiration et de fascination, un insondable abîme mystique dont on ne saurait prétendre épuiser la déroutante richesse. À la lisière de la métaphysique, de l'introspection et de la science-fiction, ce cousin russe de Bergman entraîne ses spectateurs dans des expériences malaisantes.

L'énigmatique Stalker (1979) en apporte une preuve irréfutable. On y suit le parcours en zigzag de deux hommes, guidés par un “stalker” à l'intérieur de la “Zone”, territoire interdit ayant ses propres lois. Leur but : atteindre une chambre au centre de cette Zone, où il est possible — dit-on — d'exaucer ses vœux. Le voyage pour y accéder est moins physique qu'une épreuve psychologique et un révélateur de caractère ; le film lui-même, dans sa forme sobre voire janséniste requiert du spectateur endurance et disponibilité, voire un abandon total. Ce n'est pas l'esprit de logique que Tarkovski convoque, mais la capacité à l'abstraction et à l'irrationnel. Avis à ceux qui, étant las de ce monde ancien, auraient envie de zoner…

Stalker
À l'Institut Lumière le vendredi 1
er septembre à 20h30
Rétrospective Tarkovski jusqu'au 8 octobre


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