La tempête Katie

Après une peine de cœur,  Katie Crutchfield, aka Waxahatchee, laisse éclater sa tempête intérieure sur le tout récent Out in the storm. Ce récit cathartique du ratage en règle d'une histoire d'amour emmène cette ancienne punkette sur les chemins d'une pop qui donne envie de se rendre au Périscope pour la consoler.


"Dehors, dans la tempête" : le dernier album de Waxahatchee ne pouvaient davantage coller à l'actualité météorologique américaine. Pourtant Out in the storm n'a rien à voir avec quelque considération météo. Ou alors intérieure, intime.

Katie Crutchfield est l'une de ces filles à guitare introverties capables d'entrer en fusion et d'exploser comme un orage, l'humeur, y compris musicale, aussi changeante que le temps qu'il fait.

« The margin's gigantic, am I happy or manic »

chante-t-elle sur Never Been Wrong, le morceau qui ouvre cet album, au sortir d'une relation amoureuse bien partie mais finalement bien trop mal branlée, à force de petites frustrations faisant boules de neige, pour finir autrement qu'en crash en plein vol.

Avec ce que cela comporte d'acrimonies et d'assiettes mentales lancées à la tête de l'autre. Car Out in the storm n'est ni plus ni moins que le récit de ce processus. Assumé quand elle chante, toujours sur Never Been Wrong : « Everyone will hear me complain, everyone will pity my pain. »

Silver

Ce n'est pas la première fois qu'on l'entend se plaindre, sans s'en plaindre nous mêmes, les thématiques de l'instabilité, de la solitude et des relations amoureuses ratées étant récurrentes chez celle qui très tôt a chanté : « Je me fiche de savoir si je suis trop jeune pour être malheureuse. »

Pourtant dans la lignée de glorieuses aînées indés des 90's comme Liz Phair (pour l'aspect cathartique) ou Tanya Donelly (qu'on jurerait entendre ici parfois), Waxahatchee transcende son malheur d'une manière surprenante et qu'on ne lui connaissait pas.

Superbement aidée par une production (confiée à John Agnello, vu chez Dinosaur Jr. ou Kurt Vile) surprenante pour cette fille de la lo-fi : de ballades profondes (Recite Remorse, Sparks Fly, le délicat A Little more) en petits hymnes rock à couture pop (Silver, tube en puissance) dont il faut aller chercher la noirceur au fin fond des textes, tant ils sont bordés de guitares lumineuses à l'ouvrage sur des refrains irrésistibles, ponctués de « whou whou » qu'on croirait de joie.

Preuve que les humeurs les plus orageuses trouvent dans la catharsis de magnifiques impressions de beau temps.

Waxahatchee + Allison Crutchfield
Au Périscope le mardi 12 septembre


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