Prenez bonne note

De l'exigence, des chemins de traverse, des voix royales, tonitruantes aussi. Du léger, des œuvres rares, des interprètes au talent fou et surtout beaucoup d'audace. Sur le papier, la saison classique lyonnaise fait plaisir à voir… de l'émotion au rendez-vous.


Auditorium

Lorsque l'on ouvre le programme de l'Auditorium, on se trouve devant un choix quasi cornélien tant les propositions de concerts sont immenses et variées. Pour tous les goûts, tous les âges, toutes les bourses, pour les oreilles affutées ou celles qui le sont moins.
Léonard Slatkin, directeur musical de l'Orchestre National de Lyon depuis 2011, vient de quitter son poste mais il reste directeur musical honoraire et c'est à lui que revient le privilège de diriger le concert d'ouverture qui fait honneur à une musique française raffinée et colorée : Debussy, Saint-Saëns et Guillaume Connesson - compositeur associé à l'Auditorium. Pour couronner cette soirée, Sol Gabetta, la seule violoncelliste que tous les orchestres de la planète s'arrachent, interprète le redoutable Concerto de Camille Saint-Saëns. La musique française comme fil rouge de la saison et en plein cœur, un beau Festival qui met en lumière le bouleversant Requiem de Maurice Duruflé.
Deux petits conseils avant ouverture : ne rater sous aucun prétexte la venue du grand chef israélien Eliahu Inbal qui va transcender la 9e symphonie de Brückner… et prendre immédiatement sa place pour se laisser éblouir par la voix toute singulière de la papesse de la soul, du blues, du jazz, la divine Dianne Reeves.

Opéra

Côté Opéra, au cœur de chaque œuvre « des histoires de guerre et des histoires de pouvoir et des histoires d'oppression… » Serge Dorny nous invite à une réflexion sur le monde d'aujourd'hui par le prisme du monde chaotique d'hier. Le rideau s'ouvre sur la version scénique du War Requiem de Benjamin Britten, chef d'œuvre du 20e siècle, grand plaidoyer contre la guerre. Cinquante ans après sa création,  l'opéra de Britten revit sous la direction de Daniele Rustioni, dans une mise en scène toute dépouillée du japonais Yoshi Oda. Un peu plus loin, un Festival Verdi met en avant le côté sombre et plus confidentiel du compositeur : Macbeth, Don Carlos, Attila, toute l'esthétique de Verdi est là, des airs puissants, vifs, un orchestre aux couleurs sublimes.

Ailleurs

Une nouvelle saison publique s'ouvre au Conservatoire National de Musique et de Danse de Lyon sous le signe de L'indicible dialogue. Lieu de bouillonnement artistique, d'expérimentations folles et en tous genres, plus de 400 rendez-vous musicaux presque tous gratuits et de haute volée sont programmés. Au fil de la saison, trois nuits festives vont animer les lieux, c'est une façon toute singulière de vivre la musique et le public ne s'y trompe pas… il raffole de ces rendez-vous nocturnes.

Les Grands Concerts prennent leur place, toute leur place, dans une belle cohérence. Une programmation assumée : aux côtés du lumineux Stabat Mater de Pergolèse, des Vêpres renversantes de Monteverdi, Keren Ann va entrer à la Chapelle par la grande porte accompagnée du Quatuor Debussy. Le mélange subtil entre les genres se poursuit pour la joie non dissimulée d'un public toujours plus friand d'expériences artistiques surprenantes.

De retour salle Molière après quatre saisons hors les murs, Piano à Lyon annonce « une saison pleine de gloire », il faudrait dire pleine de toutes nouvelles gloires puisque la programmation se tricote autour des tous frais médaillés, des jeunes et talentueux virtuoses du clavier : une belle saison qui fait revenir à Lyon l'incomparable pianiste géorgienne Khatia Buniatishvili.


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Daniele Rustioni : andiamo !