Le Desjeuneur : c'est brunch tous les jours !

Nom de zeus ! Cette ville déborde de fainéants ! Pour preuve : le succès rencontré par ce café anglo-saxon, où l'on peut breakfaster... jusque 18h ! Bien sûr, ça se passe à la Croix-Rousse.


Nous voilà sur l'ultime faux-plat avant le plateau de la Croix-Rousse : la rue des Pierres Plantées, cailloux qui empêchaient, jusqu'au siècle dernier, les attelages de dévaler la montée de la Grande-Côte. Devant le tout neuf Desjeuneur, un passant sceptique pense  : « encore l'un de ces non-lieux à l'accent anglais, où boire des kawa scandinaves et ultra-dilués, dans une ambiance de showroom Ikea. »

Que nenni, badaud aigri ! Ce nouveau café est bourré de qualités. La première d'entre elles étant de servir le breakfast à toute heure. Une proposition qui comblera : aussi bien l'oisif noceur cherchant un petit déj'-éponge de début d'après-midi, le jetlagger en quête de repères et du goût de l'Amérique, le runner performeur monté au trot en meute flashy qui doit reremplir ses stocks de glycogène.

Le Desjeuneur s'est donc mis en tête de répondre à ce besoin saugrenu : pouvoir manger des œufs au plat, du lard grillé, du granola, une montagne de pancakes au sirop d'érable, à 10h, midi,  ou 17h,  quel que soit le jour de la semaine. Il vaut même mieux éviter d'y venir le week-end, quand le lieu est littéralement pris d'assaut pour le brunch. La foule empêche de zoner à loisir dans l'agréable salle à manger largement vitrée, aux murs tout blanc, peu décorée, garnie de mobilier chiné (bois-formica-marbre).

Aux fourneaux, vitrés eux-aussi, on retrouve donc Marion Bohé, ex-future-avocate, reconvertie à la cuisine via l'Institut Bocuse, qui aiguisa ses couteaux à Shanghai et à Londres (chez l'étoilé Jason Atherton puis Chez Antoinette) avant de revenir chez elle, à Lyon. Avec cette mission : faire éclater les heures de repas imposées, à coup d'assiettes généreuses, anglaises mais pas que. Marion explique :

« notre génération [elle est jeune trentenaire], on a des vies un peu décousues. Si tu travailles en freelance, ton week-end, et donc le brunch, ce n'est pas forcément samedi-dimanche. » 

Il n'a pas fallu longtemps pour que le Desjeuneur trouve sa clientèle (majoritairement féminine) venue défier ici la mode du "sans" (sucre/calories/gras/gluten/viande) et pratiquer le cheat meal à répétition.

Outre les pancakes et autres classiques anglo-saxons, on trouve à la carte du p'tit déj' une roborative shakshuka, spécialité nord-africaine à base d'œufs, pochés dans une sauce tomate aux poivrons. Marion a appris la recette dans le quartier juif de Londres où elle habitait, et l'a upgradée avec yaourt turc et chorizo.

Le midi, l'horizon s'ouvre au-delà du breakfast, avec un plat du jour : comme ce sauté de veau (bio de l'Allier, passé par la boucherie Tête Bech d'à côté) au sésame, sauce aux épinards, butternut et pommes grenailles. Mais aussi un croque-monsieur géant ou une salade vegan aguicheuse, faite de boulgour, amandes, avocat et une tonne de verdure.

Aussi, diverses sucreries maison (comme le reste) : une énorme part de cheesecake à la ricotta ; un bol entier de crumble de pêches (de la voisine) ; une épaisse tranche de brioche aux pralines bien beurrée. À tremper avec joie dans le café de chez Climpson and sons, from London, ou le thé de Kodama. Il est 17h, la journée peut commencer.

Le Desjeuneur
3 rue des Pierres Plantées, Lyon 1er
Du jeudi au lundi de 10h à 19h
Brunch 17, 50€ ; Lunch autour de 15€


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