L'Effondras, rien que ce nom aurait pu constituer un chapitre du programme de François Fillon et de son si vendeur pays en faillite – ou le délitement de sa réputation et de sa campagne. On doute pourtant que ce trio (deux guitares, une batterie qui en vaut deux) aux assonances post-rock et aux allitérations noise soit très fans de l'ex-candidat à la présidentielle (une intuition, comme ça). Comme le chantait Julien Baer, avec lequel on ne leur sent guère plus d'accointances (musicales, cette fois), ici, « Le Monde s'écroule, mais le monde c'est [eux] ». Il y a en effet chez l'Effondras, bien au-delà de ce nom (celui d'un hameau de l'Ain), comme une esthétique de l'affaissement et de ce qu'il faudrait en faire : soit une musique qui pratiquerait avec l'Apocalypse-même, la politique de la terre brûlée, à la fois renoncement apathique au bord de la génuflexion et affront semé d'orgueil, comme sur ce Lux Furiosa. Chez L'Effondras, lauréat auvergne-rhônalpin des Inouïs cette année, il ne semble pas plus y avoir d'instant présent que d'après, juste un flux ininterrompu de saccades et d'effluves sonores, « de la neige en été » et « des feux toutes les dix maisons » comme chez Diabologum, lointain grand frère. Et surtout une route, cormacmccarthyenne, sans fin. Et très belle, à dérouler comme une suite ininterrompue de malheurs plantés au bord d'une falaise.