L'Effondras – Rock (Ain)

Comme chaque année, Les Inouïs du Printemps de Bourges présélectionnent huit candidats en Rhône-Alpes, toutes disciplines musicales confondues. Et pour aller avec huit clips musicaux inédits confiés aux bons soins des vidéastes de Shoot !t.


L'Effondras, rien que ce nom aurait pu constituer un chapitre du programme de François Fillon et de son si vendeur pays en faillite – ou le délitement de sa réputation et de sa campagne. On doute pourtant que ce trio (deux guitares, une batterie qui en vaut deux) aux assonances post-rock et aux allitérations noise soit très fans de l'ex-candidat à la présidentielle (une intuition, comme ça). Comme le chantait Julien Baer, avec lequel on ne leur sent guère plus d'accointances (musicales, cette fois), ici, « Le Monde s'écroule, mais le monde c'est [eux] ». Il y a en effet chez l'Effondras, bien au-delà de ce nom (celui d'un hameau de l'Ain), comme une esthétique de l'affaissement et de ce qu'il faudrait en faire : soit une musique qui pratiquerait avec l'Apocalypse-même, la politique de la terre brûlée, à la fois renoncement apathique au bord de la génuflexion et affront semé d'orgueil, comme sur ce Lux Furiosa. Chez L'Effondras, lauréat auvergne-rhônalpin des Inouïs cette année, il ne semble pas plus y avoir d'instant présent que d'après, juste un flux ininterrompu de saccades et d'effluves sonores, « de la neige en été » et « des feux toutes les dix maisons » comme chez Diabologum, lointain grand frère. Et surtout une route, cormacmccarthyenne, sans fin. Et très belle, à dérouler comme une suite ininterrompue de malheurs plantés au bord d'une falaise.


<< article précédent
Keren Ann au Petit Bulletin Festival !