Ultra léché


Photographe, Cédric Roulliat a fait les beaux jours et les belles Unes, durant trois ans, de notre confrère préféré, le journal gay mais pas que... Hétéroclite, avec ses clichés calibrés de femmes plus fantasmées qu'érotisées. Cette esthétique est la base même de son premier travail de mise en scène, Ultragirl contre Schopenhauer créé en février dernier à l'Élysée et repris au même endroit jusqu'au 29 septembre.

Dans les années 80 à Lyon, une traductrice (Sahra Daugreilh) s'affaire à nous rendre intelligibles des comics. Et de se prendre elle-même pour l'une de ses héroïnes à travers son double fictif (Laure Giappiconi)... Alambiquée, filant à toute allure sans que tout ne soit vraiment compréhensible, cette fable est constamment séduisante par sa vitalité et son ambition affirmée de soigner à la fois le jeu, mais aussi ce qui est souvent annexe dans les petites productions : le décor et les costumes.

Cette politesse permet à l'intrigue de progresser malgré un name-dropping presque éreintant quoique drôle. Dans le rôle masculin, David Bescond, tantôt réparateur vindicatif de lave-linge, amant éconduit et miséreux puis Schopenhauer lui-même, décline les affres du désir avec drôlerie. Il est rare que les sitcoms au théâtre soient pertinentes – parfois même, le théâtre vire à la sitcom involontairement. Ici, tout est parfaitement en place.


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Vincent Dedienne : « La scène, un lieu sacré »